France – Team USA, retour en 2000 : quand la France de Lolo Sciarra et Tonio Rigaudeau jouait les yeux dans les yeux avec l’ogre américain
Le 11 sept. 2019 à 10:40 par Giovanni Marriette

Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuveuh pas connaître, la France en ce temps-là, jouait avec Sciarra jusque sous nos fenêtreuh. Et si l’humble Tonio, qui nous servait de pro avait la tête tordue, c’est là qu’on a hurlé, moi qui criait allez, et toi qui disait go.
Petits par la taille mais grand par le talent. L’adage va tellement bien au grand Charles Aznavour mais il alla ce jour-là encore mieux à notre Équipe de France de basket. Nous sommes en 2000, une autre vie, et les héros du basket français… n’en sont pas encore. Aux ordres de Jean-Pierre de Vincenzi ? Douze hommes en mission, qui se disent – ou pas – qu’il y a peut-être bien un coup à fer lors de ces Jeux Olympiques de Sydney. Laurent Sciarra, Yann Bonato, Cyril Julian, Napoléon, Crawford Palmer, Jim Bilba, Makan Dioumassi, Rahan, Antoine Rigaudeau, Laurent Foirest, Stéphane Risacher, Jeanne Calment, Moustapha Sonko, Frederic Weis et Thierry Gadou, douze soldats partageant le même secret : et si on mettait la France sur la carte du basket ? Manque de bol ça démarre plutôt mal, car si la phase de poules permettra une première fois aux Bleus de se frotter à l’ogre américain (on se souvient tous, n’en faisons pas des Weis caisses), ces premiers matchs offriront également deux défaites de plus face à la Lituanie et l’Italie. Bof. Fort heureusement le King Rigaudeau sauvera la patrie face à la Chine et la Nouvelle-Zélande sera facilement effacée, de quoi ouvrir le tableau final à l’EDF. Hasard de la vie ou forces en présence à l’époque, JPDV et ses guys croiseront ensuite la route du Canada en quarts et de l’Australie en demi, deux matchs abordables et bien abordés par les Bleus puisque c’est donc EN FINALE DES JEUX que la bande à Tonio se retrouvera le 1er octobre, face à Team USA bien sûr. Et l’histoire était en marche. Merci le karma, merci un Sciarra en mode MVP, merci un Dioumassi en mode DPOY, Steve Nash s’en rappelle encore.
Gary Payton et Allan Houston sur le backcourt, Vince Carter dans l’aile et le duo Garnett/Mourning dans la raquette, les jeunes Ray Allen et Jason Kidd sur le banc, sortez les kevlars et les mouchoirs. Team USA n’a alors rien d’une Dream Team mais emmène quand même avec elle une bonne partie des meilleurs joueurs de la Ligue, une autre époque on vous dit. Le cinq de départ des Bleus ? Rigaudeau à la mène, patte folle Foirest poste, Stéphane Risacher dans l’aile, et les poutres Bilba et Weis dans la peinture. les forces sont équilibrées, non on déconne. Le début de match sera d’ailleurs très américain, avec notamment un Vince Carter intenable et auteur de sept des ses treize points dans les deux premières minutes du match. Tout au long de la rencontre les Américains garderont ce petit matelas confortable pour eux mais qui laissait également croire à la France en un impossible exploit, et si Laurent Sciarra, Crawford palmer, Cyril Julian ou Stéphane Risacher jouaient les cainris les yeux dans les yeux, c’est finalement le Roi Antoine Rigaudeau qui allait donner espoir à toute la fanbase française, composée à ce moment-là de 123 personnes. 76-69 USA avec quatre minutes à jouer, Tonio un mètre derrière la ligne et bingo, seul panier du parking pour lui ce soir-là mais quel panier. La France est à quatre petits points et l’ogre tremble. L’ogre tremble, il ne tremblera plus longtemps car l’accélération finale sera fatale aux Français, mais l’ogre a tremblé quand même de la main d’irréductibles petits frenchies, et ça vaut carrément le coup d’être signalé.
Ce soir-là les Français mettaient donc un pied dans le grand monde, et donnaient ainsi des idées à une génération qui prendra les clés du camion quelques années plus tard. Depuis ? Les médailles se sont accumulées, le meilleur joueur de l’histoire de notre pays est né, a grandi et est parti il y a peu, et l’Équipe de France a écrit les plus belles pages qu’on lui connaisse. Mais ne vous méprenez pas, la première de ces pages fut bien écrite un soir d’octobre 2000.