Mission réussie pour Frank Vogel : transmettre la passion du sale boulot à un casting cinq étoiles, c’était pas gagné d’avance
Le 13 oct. 2020 à 18:19 par Leo Flechard

Si l’on parle beaucoup de LeBron James et d’Anthony Davis à juste titre, Frank Vogel mérite aussi les éloges après cette saison réussie. Au milieu des superstars et sous la pression d’une franchise aussi mythique, il a réussi à imposer son identité et à remporter le premier titre de sa carrière.
La nomination de Frank Vogel chez les Lakers en mai 2019 avait fait réagir après une saison catastrophe pour la première année de LeBron en Californie. Allait-il occuper un poste fictif, en devenant l’assistant du King ? Avait-il la poigne nécessaire pour mener jusqu’au titre un effectif avec d’aussi fortes personnalités ? Pouvait-il rebondir après un échec cuisant à Orlando ? Beaucoup de questions mais la certitude que cette opportunité était la plus grande de sa carrière. Une franchise mythique, le meilleur duo de la Ligue, des vétérans aguerris, mais aussi l’impatience des supporters après une saison galère et la pression de Los Angeles. Une mission à quitte ou double pour Frank Vogel, prêt à gagner de nouveau en NBA mais sur un siège éjectable en cas de déroute, avec Jason Kidd à ses côtés prêt à prendre la place du calife. Mais un an et demi après sa nomination, le coach a assuré. Il a remporté le premier titre de sa carrière après une saison régulière et des Playoffs dominés de A à Z, malgré les obstacles rencontrés tout au long de l’année. Très vite dans cette saison, les Lakers se sont retrouvés en haut de la Conférence Ouest, là où ils rêvaient d’être depuis l’arrivée de LeBron James dans la Cité des Anges. Dans l’ombre de son duo de superstars, Frank Vogel a fait le taf. Proche de ses joueurs sans jamais vouloir attirer la lumière, il a su instaurer la confiance nécessaire pour fonder un groupe sensible à ses idées.
Sans Avery Bradley, mais avec un cinq majeur armé pour matcher l’intensité demandée en défense, il a réussi à étouffer un par un ses adversaires dans ces Playoffs. Les Blazers hypés par leur comeback dans la bulle, le micro-ball des Rockets, les Nuggets et leur nouveau duo de superstars, toute la Conférence Ouest en a fait les frais, malgré des qualités offensives différentes à chaque fois. Que ce soit avec des décisions fortes comme la mise au frigo de ses pivots contre Houston ou par des adaptions séquentielles comme il a su le faire face à Nikola Jokic, Vogel a pris les bonnes décisions pour sublimer un groupe construit pour aller au bout. Son boulot dans ces Finales NBA a été facilité par les blessures de Bam Adebayo et Goran Dragic, mais sans deux exploits incroyables de Jimmy Butler, la note aurait pu être bien plus salée pour Miami. L’intensité défensive incessante, peu importe le scénario du match, montre un groupe respectueux et réceptif envers son technicien. La tâche s’annonçait pourtant compliquée avec un tel roster : LeBron James, Anthony Davis, Dwight Howard, Rajon Rondo, Markieff Morris, J.R. Smith, Dion Waiters, autant de personnalités qui auraient pu craquer et finir par rompre le lien. Mais jamais Frank Vogel n’a tremblé, une sélection de joueurs revanchards et une gestion des égos aux petits oignons, il a trouvé la recette idéale pour embarquer tout le monde, avec la défense comme moteur principal. Un aller simple pour le titre et une bague bien mérité pour Coach Vogel.
Au-delà de l’intensité et de la défense, il a aussi su lancer ou relancer des joueurs qu’on n’attendait pas sur le terrain si loin dans la saison. Kentavious Caldwell-Pope et Rajon Rondo ont souvent été les boucs émissaires des fans des Lakers en régulière et ont pourtant fait partie des joueurs les plus efficaces en Finales. Dwight Howard s’est mis au diapason et a été irréprochable, Alex Caruso est lui devenu plus qu’un meme en saisissant l’opportunité offerte par Franky. Des superstars jusqu’aux cireurs de banc, le nouveau coach des Lakers a gagné le respect de tout le groupe, première étape nécessaire pour marquer l’équipe de son identité défensive et motiver tout le monde à jouer dur des deux côtés du terrain. Les Purple and Gold sortent de cette bulle la bague au doigt, preuve de la réussite de la mission pour Frank Vogel.
Franche réussite pour Frank Vogel dans sa première saison à Hollywood. Alors montrons un peu plus de respect pour un coach qui a su imposer sa patte sur une équipe bourrée d’égos, jamais facile. Lui qui a buté plusieurs fois sur LeBron quand il était à Indiana est sans doute heureux de décrocher son premier titre avec le King. Peut-être pas le dernier d’ailleurs.