Cher Arturas : la lettre ouverte d’un fan qui n’a plus que son sourire
Le 12 févr. 2025 à 08:10 par Robin Wolff

Cette nuit, les Chicago Bulls se sont inclinés de 40 points face aux Detroit Pistons et l’addition aurait pu être encore bien plus lourde puisqu’à la mi-temps, le score était de 71 à 29. Pourtant au réveil, en tant que fan, il n’y avait pas de surprise, de sentiment de honte particulier, mais une émotion qui tient en une oxymore : une colère calme, que j’ai essayé de calmer avec un rire. Mais cette fois, ça n’a pas suffi, alors, peut-être à la recherche d’une solution thérapeutique et sans vouloir voler les mots d’un auteur belge moderne, j’ai juste eu envie d’écrire.
Ma lettre ouverte à Arturas Karnisovas !
Cher Arturas,
Lors de cette Trade Deadline, tu as encore réussi à me surprendre. Pour nombre d’autres fans NBA, tes “exploits” sont passés inaperçus, trop occupés à se demander ce que Nico Harrison avait mis dans son café. Une preuve de plus qu’au pays des aveugles, le borgne est roi. Mais nous, les fans de Chicago, nous gardions un œil sur tes faits et gestes et si la lumière à l’intérieur à fini de s’éteindre, ce n’est pas du fait d’un coup de vent dans la Windy City, mais bien une conséquence d’une nouvelle déception dont tu es la source.
Deux ans que ton immobilisme est moqué de tous, désormais tu bouges, doucement, et c’est presque pire. Comme si un personnage pour lequel on avait aucune compassion se faisait couper les jambes et commençait à marcher avec les mains.
Je simplifie volontairement, mais depuis les transferts de Wendell Carter Jr et Franz Wagner contre Nikola Vucevic et de Lauri Markkanen contre Derrick Jones Jr (n’hésitez pas à bien relire cette phrase), tu as passé presque trois ans sans ne jamais échanger aucun joueur. Si la statistique est folle, elle a été souveraine pour toi. Grâce à elle, nous avions oublié que ce n’était pas ta spécialité ; ce qui, tu le reconnaitras, est dommage pour un General Manager. Les trades de DeMar DeRozan et Alex Caruso étaient déjà des exemples probants de ton incompétence, mais celui de Zach LaVine, où le seul pick de Draft récupéré allait déjà nous revenir en fin de saison, a été la goutte d’eau qui a fait déborder un vase rempli d’amertume.
Contre Alex Caruso, Andre Drummond, DeMar DeRozan et Zach LaVine, Chicago a récupéré :
– Josh Giddey
– Chris Duarte
– Tre Jones
– Zach Collins
– Kevin Huerter
– Un premier tour de Draft (le leur mdr)
– Deux seconds tours de Draft
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— Robin Wolff (TrashTalk) (@robinwolff12) February 3, 2025
Mais pire que tes actions, il y a eu tes justifications. En conférence de presse, tu as déclaré : “les 30 prochains matchs détermineront si nous participerons au play-in ou aux play-offs. C’est réalisable.” Comme si perdre dans l’anonymat face à Miami début avril pour la troisième saison consécutive était un objectif suffisant. Comme si conserver Nikola Vucevic et Josh Giddey (en fin de contrat cet été) pour rester compétitif était la priorité.
Moi lorsque j’ai vu cette déclaration, tout comme lorsque j’ai rédigé le tweet ci-dessus, j’ai ri. Pas de bon cœur, mais simplement car c’est tout ce que tu nous a laissé. Voilà maintenant 18 mois que chaque désillusion est accueillie avec humour et le sourire. Pas que, désormais, l’importance que j’accorde à cette franchise et à ses résultats est moindre, mais sans blagues, je n’ai plus de protection, plus de distance pour voir venir tes crochets et uppercuts.
Je suis encore passionné, mais j’essaie de me convaincre du contraire. Je suis passé, de ta faute, du côté de ceux qui se moquent parfois plus qu’ils ne supportent. Je les vois, ces autres fanbases, se battre pour que leurs joueurs soient respectés à leur juste valeur, pour que leurs franchises soit mises sur un piédestal, moi j’ai baissé les armes et avant qu’elles ne touchent le sol, je les ai retournées dans ma direction.
Encaisser les coups, avec le sourire, et parfois se mettre une châtaigne nous-même au niveau de la tempe ; tu as condamné une grande partie des supporters des Bulls à mener une vie de boxeur maladroit et sans garde. Le pire c’est de ne pas être libre de ses déplacements, coincés dans un coin du ring à attendre que tu n’ouvres la voie. Mais c’est souvent peine perdue de suivre un guide qui n’a pas la lumière à tous les étages.
Je sais que c’est quasiment un blasphème à dire vu l’actualité en ce moment, mais Arturas Karnisovas est à un niveau légendaire pour concurrencer Nico Harrison au classement des GM qui enragent le plus leurs fans.
— TrashTalk (@TrashTalk_fr) February 12, 2025
Si encore, avec toi, on pouvait foncer vers l’inconnu, il y aurait de l’excitation, mais vu ton rythme et tes réalisations, on rampe consciemment dans la bouse en espérant atteindre les sables mouvants.
À l’heure où ces lignes sont écrites, nous sommes juste devant les Nets et les Raptors, alors que nous ne tankons pas. Nous avons un des pires young-cores de la Ligue et nos rares pièces avec de la valeur ont été échangées contres des billets de tombola périmés. Le passé proche est hideux, le présent détestable et l’avenir guère plus reluisant.
Alors ce que j’essaie de dire en mille mots pourrait finalement se résumer en une phrase Arturas. Cette nuit, mon équipe a perdu de 40 points face à Détroit, était menée 71-29 à la mi-temps, et j’ai ri … c’est ça qui m’a brisé le cœur.