Le transfert de Luka Doncic, une conséquence du nouvel accord collectif de la NBA ?
Le 26 févr. 2025 à 15:18 par Nicolas Meichel

Trois semaines et demie avant les retrouvailles entre Nico Harrison et Luka Doncic hier à Los Angeles, le premier a choqué le monde en transférant le second des Mavericks aux Lakers. Un transfert choc qui est sans doute lié en partie au nouvel accord collectif (CBA) de la NBA.
Quand Luka Doncic a été transféré à la surprise générale, le dimanche 2 février au petit matin, on a rapidement essayé de comprendre l’incompréhensible. Les premières raisons du deal ont été révélées dans la foulée : craintes sur la condition physique de Luka, volonté de renforcer la défense, et surtout refus de s’engager sur le long terme avec le Slovène pour un montant de 345 millions de dollars.
345 millions de dollars sur cinq ans, c’est le contrat que Luka Doncic aurait pu obtenir à l’été 2025 avec les Mavericks. Un contrat dit “supermax”, qui aurait été le plus gros deal jamais signé en NBA. Mais le manager général Nico Harrison en a donc décidé autrement. Et le nouveau CBA – signé en 2023 entre la Ligue et le syndicat des joueurs – a certainement joué un rôle dans son choix de transférer Luka.
Un nouveau CBA qui pénalise les équipes les plus dépensières
En dehors du propriétaire des Suns Mat Ishbia, qui dépense sans compter et surtout n’importe comment, les dirigeants NBA doivent se montrer beaucoup plus prudents sur le plan financier avec le nouveau CBA. Et pour cause, ce dernier contient des conditions qui limitent grandement la marge de manœuvre des équipes NBA les plus dépensières. Ce sont les fameux aprons (premier et second apron).
C’est quoi ce “second apron” qui terrifie toutes les équipes NBA ?
Les aprons ont été ajoutés à la luxury tax, qui pénalisaient déjà financièrement les franchises NBA avec la plus grosse masse salariale. Désormais, les équipes les plus dépensières ne sont plus seulement pénalisées à travers une taxe, mais sont aussi beaucoup plus limitées dans le recrutement de joueurs et les transferts (voir juste en dessous). L’objectif du nouveau CBA : maximiser la parité en NBA et l’égalité entre les franchises, éviter les superteams, empêcher les gros marchés – ou les équipes avec un propriétaire plein au as – d’être trop avantagés par rapport à d’autres franchises ayant moins de moyens.

Les limites liées aux aprons, via Bobby Marks (ESPN)
Le rapport avec le transfert de Luka Doncic ? Le manager général Nico Harrison voulait éviter un scénario dans lequel il se retrouve menotté à cause de l’énorme contrat de Luka.
Déjà dans l’ancien CBA, qui ne contenait pas les aprons, on a vu plusieurs cas où un contrat supermax offert à un joueur pouvait grandement limiter la flexibilité des dirigeants d’une franchise (comme les Blazers avec Damian Lillard par exemple). C’est encore plus le cas aujourd’hui, alors il faut y réfléchir à deux fois avant de réaliser un investissement XXL sur un joueur star, aussi talentueux soit-il. Nico Harrison y a réfléchi à deux fois, et a finalement estimé que les risques de prolonger Doncic au supermax surpassaient les potentiels bénéfices de le conserver sur le long terme.
Il est clair qu’aujourd’hui, les dirigeants NBA sont bien plus friables au moment de proposer un gros contrat et prolonger des joueurs. Certains préfèrent laisser partir des joueurs sans même recevoir une vraie contrepartie, dans le but de retrouver de la flexibilité financière ainsi que de la flexibilité en matière de team-building.
Dans le cas de Luka Doncic, Nico Harrison a choisi de l’utiliser comme monnaie d’échange pour récupérer un joueur calibre MVP mais bien plus âgé (Anthony Davis, 31 ans contre 26 pour Luka), un jeune joueur prometteur (Max Christie) et du capital draft (un premier tour 2029). Selon les mots de Harrison, ce transfert permet aux Mavericks d’être “en position de gagner maintenant et à l’avenir”, sans devoir passer par des négociations “tumultueuses” qui n’auraient probablement pas abouties à un an de la fin de contrat de Luka (2026). Tout ça en sachant que d’autres joueurs de Dallas arrivent bientôt en fin de contrat (Kyrie Irving notamment).
Draymond Green Blames NBA’s New CBA for Luka Doncic Trade
“You see Luka getting traded—not for one second think that that’s not a byproduct of that dumbass CBA we signed.”
(Via @DraymondShow) pic.twitter.com/sTTUW6z7yq
— NBA Beyond Court (@NBABeyondCourt) February 6, 2025
Peut-être qu’avec l’ancien CBA, qui est donc moins restrictif pour les équipes les plus dépensières, Nico Harrison n’aurait pas fait le transfert de Luka Doncic malgré les doutes qu’il possède concernant son avenir. Peut-être qu’il l’aurait fait quand même, qui sait.
En tout cas une chose est sûre : les dirigeants NBA se montrent désormais bien plus prudents avant de prolonger leur star, et certains ont déjà montré qu’ils étaient prêts à couper les ponts (Nico Harrison avec Luka Doncic donc, Pat Riley avec Jimmy Butler) à l’approche des négociations. De quoi se demander qui est encore intouchable dans la NBA actuelle.
Après plus de quinze ans de player empowerment, c’est une petite révolution dans la Grande Ligue.