Édito : Giannis Antetokounmpo et les Bucks, c’est l’heure de tourner la page
Le 30 avr. 2025 à 14:51 par Nicolas Meichel

Éliminés pour la troisième fois de suite au premier tour des Playoffs, Giannis Antetokounmpo et les Bucks n’ont gagné qu’une seule série depuis leur titre remporté en 2021. Et au vu du contexte actuel de la franchise, ce n’est pas demain qu’ils vont retrouver l’élite de la Conférence Est. Giannis et Milwaukee, c’est l’heure de tourner la page.
“Je ne vais pas répondre à ça.”
Voici ce que Giannis Antetokounmpo a déclaré quand un journaliste l’a interrogé sur son futur à Milwaukee et la possibilité de gagner à nouveau avec les Bucks, juste après la terrible défaite à Indiana la nuit dernière.
Trop tôt. Sujet trop sensible. Défaite trop fraîche.
Mais à un moment donné, le Greek Freak va forcément devoir se poser la question qui fâche : ai-je encore un avenir dans l’équipe où j’ai passé toute ma carrière NBA ?
30 points
20 rebonds
13 passes
9/17 au tir
Giannis aura absolument tout donné.
Si c’est son dernier match avec les Bucks, la fin est atroce mais l’éponge aura été essorée jusqu’à la dernière goutte. pic.twitter.com/9F5pmht0R4
— TrashTalk (@TrashTalk_fr) April 30, 2025
Franchise player par excellence, Giannis Antetokounmpo est synonyme des Milwaukee Bucks et les Bucks sont synonymes de Giannis. Le Greek Freak porte depuis 2013 le maillot des Daims, avec qui il a tout gagné individuellement comme collectivement. Néanmoins, cela n’a pas toujours été rose : il y a eu des obstacles et des moments difficiles, des déceptions au milieu des succès. Et cela aurait pu le pousser vers la sortie depuis longtemps. En tant qu’agent libre ou en demandant un transfert. Avant le titre de 2021 ou même après. Mais à chaque fois, malgré des petits coups de pression, Antetokounmpo a juré fidélité à sa franchise de cœur.
Cette fidélité, elle a néanmoins atteint ses limites.
Au cours de la dernière décennie en NBA, caractérisée par des mouvements de joueurs dans tous les sens et notamment chez les stars, on a vu pas mal de divorces entre un franchise player et son équipe. Parfois, c’est le joueur qui se montre impatient et qui veut changer d’air pour booster ou relancer sa carrière (le transfert d’Anthony Davis en 2019, un exemple parmi d’autres). Plus rare mais ça arrive aussi, c’est la franchise qui décide de couper les ponts avec sa star (coucou Nico Harrison).
Avec Giannis et les Bucks, on est ni dans le premier cas, ni dans le second. On est aujourd’hui dans une situation où le Freak ne va nulle part avec Milwaukee et où Milwaukee ne va nulle part avec le Freak. Le moment est tout simplement arrivé : les deux camps sont dans une grosse impasse, et la meilleure chose à faire pour tout le monde est de prendre des chemins différents.
Malgré les valeurs de fidélité et de loyauté qui ont toujours caractérisé Giannis Antetokounmpo, son énorme esprit de compétiteur ne peut pas être satisfait par ce qui se profile chez les Bucks. L’effectif à ses côtés est vieux, pas assez talentueux, pas assez dynamique, et son lieutenant Damian Lillard – meneur All-Star – vient de se péter le tendon d’Achille et sera absent probablement jusqu’à la saison 2026-27. Peut-être pire encore, les Bucks ont une flexibilité limitée (financière ou en picks de draft) voire presque inexistante pour améliorer sensiblement l’effectif. Cerise sur le gâteau, Doc Rivers est son coach.
30/20/13 for Giannis. Still playing at an MVP level. And it’s all falling apart around him. No promising young teammates. No rights to firsts until 2031. A washed up head coach. An aging roster. A co-star teammate with a torn Achilles. This offseason is a fork in the road. pic.twitter.com/3oKmlw7RD1
— Kevin O’Connor (@KevinOConnorNBA) April 30, 2025
En résumé : si Giannis veut un deuxième titre NBA, ce qu’il dit et répète, ce n’est pas avec les Bucks qu’il va le remporter.
Giannis Antetokounmpo n’est pas du genre à quitter la maison quand elle s’écroule, mais il doit aujourd’hui penser à lui. Il a prouvé tout ce qu’il avait à prouver à Milwaukee et mérite de disputer les dernières années de son prime dans une équipe capable de jouer les premiers rôles. Pas une équipe qu’il doit porter corps et âme juste pour se faire sortir au premier tour des Playoffs. Et si ça peut soulager sa conscience, demander un transfert des Bucks aujourd’hui aidera sans doute la franchise de Milwaukee sur le long terme.
Parce que oui, aussi paradoxal que ça puisse paraître, la seule véritable chose à faire pour les Bucks pour espérer rebondir à l’avenir est de transférer son joueur générationnel. Maintenant.
À 30 ans, Giannis est toujours au top de son basket et reste l’un des trois meilleurs joueurs du monde, qui est sous contrat au moins jusqu’en 2027. Les Bucks ont ainsi l’occasion de récupérer en échange un énorme package, comprenant des jeunes joueurs prometteurs (potentiel All-Star) et/ou une ribambelle de choix de premier tour de draft (des Nets ou des Rockets par exemple). Petit rappel, la franchise du Wisconsin ne contrôle aujourd’hui aucun de ses choix de premier tour jusqu’en… 2031 (ce qui retire l’option “full tanking”).
Traduction : c’est l’occasion pour Milwaukee d’entamer la reconstruction post-Giannis sur des bases beaucoup plus solides qu’en attendant la fin du prime d’Antetokounmpo. Attendre ne ferait que diminuer la marge de manœuvre des Bucks dans de potentielles négociations (fin de contrat qui se rapproche pour le Freak, Giannis qui prend en âge…). Un trade du Freak aujourd’hui serait forcément synonyme d’une guerre des enchères en NBA, dont les Bucks doivent profiter pour récupérer la meilleure contrepartie possible
Team 17: The Milwaukee Buckshttps://t.co/nQiVzXJN1g pic.twitter.com/DiAhNJ2Mw9
— Bobby Marks (@BobbyMarks42) April 30, 2025
Bien sûr, la rupture sera difficile. Très difficile. Quand vous avez un joueur historique comme le Freak qui symbolise votre franchise, quand vous êtes une équipe de petit marché qui doit parfois attendre des décennies pour avoir une star générationnelle, tourner la page est la dernière chose que vous voulez faire.
Mais dans ce cas-là, c’est aussi la bonne.