De remplaçant à l’université à MVP en NBA, la folle ascension de Shai Gilgeous-Alexander

Le 22 mai 2025 à 16:15 par Nicolas Meichel

shai gilgeous-alexander
Source image : YouTube

Auteur d’une saison individuelle fantastique au sein d’une équipe d’Oklahoma City qui a remporté 68 matchs en régulière, Shai Gilgeous-Alexander a décroché le titre de MVP 2024-25. Un titre mérité et attendu au vu de sa campagne cette année, mais un titre que personne n’aurait pu imaginer au moment de son arrivée en NBA. 

L’annonce de la Ligue ce mercredi, bien que très tardive, n’a pas surpris grand monde.

Si certains restent convaincus que Nikola Jokic aurait dû être élu MVP, Shai Gilgeous-Alexander a logiquement été récompensé, et personne de sensé ne peut remettre en question le fait qu’il coche toutes les cases pour remporter le plus prestigieux des trophées individuels. Domination individuelle, domination collective, impact des deux côtés du terrain, leadership, efficacité, régularité, durabilité… bref, il n’y a pas le moindre point noir dans son dossier.

Ce titre de MVP, c’est un accomplissement qui ponctue la superbe progression de SGA ces dernières années, et par la même occasion celle du Thunder.

Depuis son arrivée au Thunder il y a six ans, Shai Gilgeous-Alexander est passé d’un joueur élu dans la NBA All-Rookie Second Team (2019) à un candidat MIP (2020), puis All-Star, puis All-NBA (2023), puis deuxième au classement MVP (2024), puis top scoreur NBA et MVP de la Ligue (2025). SGA a franchi les échelons les uns après les autres et sous son impulsion, le Thunder est passé d’équipe qui tanke à favori pour le titre NBA. Tout ça en seulement cinq saisons.

Néanmoins, une ascension aussi spectaculaire vers l’élite n’était pas vraiment prévisible. C’est souvent réservé à des joueurs considérés comme des futures stars, des phénomènes / prodiges destinés à dominer la planète basket dès leurs jeunes années. Et au moment d’arriver en NBA, Shai Gilgeous-Alexander n’était clairement pas de ceux-là.

La preuve.

Sixième homme à l’université

Durant ces années lycée au Canada, Shai Gilgeous-Alexander n’était pas considéré comme un prospect cinq étoiles. Il s’était même fait couper de son équipe de high school (St. Thomas More), Michael Jordan style. SGA n’était que 35e de sa cuvée – 16e parmi les guards – dans l’ESPN Top 100 qui classe chaque année les meilleurs jeunes à potentiel. Autant dire qu’il n’était pas vraiment sur les radars des scouts NBA à l’époque.

Cela a quand même suffi pour intégrer une université réputée dans le monde de la balle orange, à savoir les Kentucky Wildcats de John Calipari (où sont passés Anthony Davis, John Wall, Devin Booker…), mais SGA a d’abord dû prendre le costume de Sixième homme.

Shai est en effet sorti du banc durant la première partie de saison NCAA 2017-18. Ses performances solides et la blessure de l’un de ses coéquipiers lui ont ensuite permis d’intégrer le cinq majeur à plein temps, aux côtés de joueurs comme Kevin Knox, P.J. Washington, Hamidou Diallo et Nick Richards.

La montée en puissance de Shai Gilgeous-Alexander a vraiment été mise en lumière quand SGA a brillé à la March Madness. L’arrière a d’abord marqué 29 points lors de la finale de la Southeastern Conference, avant d’en planter 27 lors du célèbre tournoi universitaire NCAA (deuxième tour). S’il a quitté la compétition la tête basse, après un tir raté qui a précipité l’élimination de Kentucky dès le troisième tour, SGA a réussi à sérieusement booster sa cote en vue de la Draft NBA 2018.

Néanmoins, il y avait toujours des sceptiques, et certaines de ses lacunes l’empêchaient d’être perçu comme un Top 10 de Draft.

11e choix de Draft et transféré dans la foulée

“Sans la vitesse, sans de grandes qualités athlétiques et sans tir à 3-points fiable, Shai Gilgeous-Alexander devrait plutôt devenir un role player qu’une star. Il peut devenir titulaire un jour avec suffisamment de soutien, mais un titulaire bas de gamme avec comme plafond Elfrid Payton. Gilgeous-Alexander coche des cases pour un guard, mais n’en domine aucune.”

Voilà ce qu’on pouvait retrouver sur le scouting report de Shai Gilgeous-Alexander avant sa draft.

Si son éthique de travail, sa progression en université et sa taille/longueur séduisaient les observateurs, difficile d’être vu comme un prospect élite quand vous n’avez pas de grosses qualités athlétiques ou un vrai shoot à 3-points en tant qu’arrière. Surtout dans la NBA moderne.

Le profil draft de Shai Gilgeous-Alexander en 2018, par TrashTalk

C’est ainsi que Gilgeous-Alexander n’a été sélectionné qu’à la onzième place de la Draft NBA 2018. Voici quelques joueurs qui ont été draftés avant lui :

  • Deandre Ayton
  • Marvin Bagley III
  • Mo Bamba
  • Wendell Carter Jr.
  • Collin Sexton
  • Kevin Knox II

Sélectionné par les Hornets, SGA a été transféré dans la foulée aux Clippers, contre Miles Bridges et deux choix de second tour de draft. Un arrière futur MVP transféré par Charlotte à la Draft, ça ne vous rappelle pas quelqu’un ?

Envoyé au Thunder après sa première année NBA

Shai Gilgeous-Alexander est arrivé en NBA en tant que meneur de jeu, un rôle qu’il a pris à Kentucky alors qu’il était plus naturellement un arrière scoreur. Cela l’a aidé à devenir un guard plus complet, capable à la fois de scorer et de distribuer. Sa maturité, son intelligence de jeu, et sa capacité à être efficace en jouant toujours à son propre rythme lui ont permis de se faire une place chez les Clippers.

Lors de la saison 2018-19, la première de l’ère post-Lob City, SGA a joué 82 matchs dont 73 comme titulaire. Ses stats ? 11 points, 3 rebonds, 3 passes en 26 minutes, avec 1 interception en prime. Vous ajoutez à ça 48% de réussite au tir, dont 37% à 3-points sur petit volume, et un nombre de pertes de balle limité (1,7), et vous obtenez une campagne rookie bien propre.

Shai a ainsi contribué à la saison surprenante des Clippers, auteurs de 48 victoires avant de livrer une belle bataille face aux intouchables Warriors de Stephen Curry et Kevin Durant au premier tour des Playoffs. Des Playoffs où SGA a atteint la barre des 20 points à deux reprises. Une première saison finie en beauté donc…

… mais pas de quoi le rendre intouchable pour autant.

Clippers ELIMINATED AGAIN

Paul George trade gotta be the worst in NBA HISTORY 😂😂 pic.twitter.com/npYFVyga2G

— Hater Report (@HaterReport_) May 4, 2025

À l’été 2019, après seulement une saison NBA, Shai Gilgeous-Alexander a dû faire ses valises pour Oklahoma City. Les Clippers ont en effet décidé de le sacrifier en compagnie d’une ribambelle de picks de draft pour récupérer la star Paul George, et ainsi convaincre le MVP des Finales en titre – Kawhi Leonard – de signer à Los Angeles. Une façon assez brutale d’apprendre le business NBA.

Les Clippers auraient évidemment préféré conserver SGA dans ce deal, comme le dira leur entraîneur de l’époque Doc Rivers un peu plus tard. “J’étais heureux de récupérer Kawhi et Paul George, mais j’ai demandé, ‘On est vraiment obligés de lâcher Shai ?'”. Au vu de l’opportunité unique qui s’est présentée à elle, la franchise californienne n’a pas insisté longtemps pour conserver Gilgeous-Alexander.

Le chapitre angelinos s’est ainsi refermé aussi vite qu’il s’est ouvert pour SGA, en partance pour Oklahoma City.

Shai Gilgeous-Alexander, symbole de la reconstruction du Thunder

D’abord mentoré par le vétéran Chris Paul qui l’a aidé à changer de dimension en tant que sophomore, Shai Gilgeous-Alexander s’est rapidement imposé comme un excellent scoreur NBA, et par la même occasion le nouveau visage d’une équipe d’OKC en totale reconstruction.

Malgré quelques pépins physiques entre 2020 et 2022, SGA a décroché un contrat maximum de 180 millions de dollars, preuve de la confiance qu’il a su gagner auprès du manager Sam Presti. Et malgré les rumeurs de transfert accompagnant Shai et un Thunder en mode tanking, le joueur et la franchise n’ont jamais voulu mettre un terme à leur relation. Gilgeous-Alexander croyait dans le projet d’OKC, et OKC croyait en la capacité de Gilgeous-Alexander à en être le pilier. Jusqu’à dépasser toutes les attentes.

“Je savais que Shai Gilgeous-Alexander allait devenir un joueur professionnel. Mais je ne m’attendais pas à ce qu’il devienne si bon.” – Steve Nash sur SGA

La suite, on la connaît.

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