Pour le spectacle, faut-il interdire les fautes intentionnelles avec 3 points d’écart ?
Le 27 mai 2025 à 18:33 par Nicolas Meichel

C’est l’une des tactiques les plus utilisées par les coachs actuels en NBA : faire faute avec trois points d’avance pour envoyer l’adversaire sur la ligne des lancers-francs, et ainsi éviter un potentiel tir égalisateur. Une tactique souvent efficace mais qui transforme les fins de match serrées en un pauvre concours de lancers-francs. La Ligue doit-elle intervenir ?
On a encore eu droit à un exemple la nuit dernière, lors du Game 4 entre les Wolves et le Thunder.
Après 47 minutes et 50 secondes de grand basket, les derniers instants de la rencontre peuvent être résumés en deux termes : fautes et lancers-francs.
On vous refait le play-by-play, alors qu’Oklahoma City menait de trois points (126-123) avec 8,1 secondes à jouer :
- Faute intentionnelle de Luguentz Dort 1
- Faute intentionnelle de Luguentz Dort 2
- Lancer-franc pour Naz Reid (marqué)
- Lancer-franc pour Naz Reid (marqué)
- Faute intentionnelle de Nickeil Alexander-Walker
- Lancer-franc pour Shai Gilgeous-Alexander (marqué)
- Lancer-franc pour Shai Gilgeous-Alexander (marqué)
- Faute intentionnelle d’Alex Caruso
- Lancer-franc pour Anthony Edwards (marqué)
- Lancer-franc pour Anthony Edwards (volontairement raté)
- Match terminé
C’est donc de cette manière que le Game 4 exceptionnel entre OKC et Minnesota a rendu son verdict. Les Wolves n’ont jamais eu une vraie occasion d’égaliser, on a assisté à un concours de lancers-francs pour décider le match, et cette fin de rencontre hachée n’a fait rien d’autre que de prolonger les débats. Faut bien l’avouer, niveau spectacle, c’est pas top.
Alors bien sûr, cette tactique de faire faute à +3 peut aussi se retourner contre l’équipe qui est devant au score. Il suffit de revenir à la série précédente entre OKC et Denver pour s’en rendre compte. Lors du Game 1, le Thunder avait fait faute trop tôt avant de vendanger sur la ligne des lancers-francs, pour ouvrir la porte à un game-winner d’Aaron Gordon à 3-points.
C’est également risqué car si un joueur d’en face tente de dégainer rapidement suite à une remise en jeu, la faute peut résulter en trois lancers-francs. Enfin, il existe aussi le cas – beaucoup plus rare – où l’équipe sur la ligne des lancers-francs récupère la balle après un raté volontaire, pour se donner l’opportunité d’égaliser. Genre ça :
For the “Foul up 3” coaches out there
How do we feel about this?
Two different ways to look at it, but this is basically the only way you can lose this game in regulation
(Via @MountHoops 🎥)
— Hoop Herald (@TheHoopHerald) February 15, 2025
Mais hier à Minnesota, Oklahoma City a très bien exécuté cette tactique tout en étant parfait sur la ligne des lancers-francs. De quoi nous priver d’une fin de match beaucoup plus excitante que ce qu’on a pu voir. En tant que fan de basket, difficile ne pas être un minimum frustré par un tel dénouement.
Du coup, la question suivante se pose tout naturellement : la NBA doit-elle intervenir pour éliminer les fautes intentionnelles dans de telles situations ?
True or false:
The NBA should ban fouling up 3
— ᴅ ʀ ᴇ ᴡ (@FeelLikeDrew) May 27, 2025
On sait que la Ligue est toujours ouverte à l’idée de faire des changements au niveau de ses règles pour améliorer le spectacle, la fluidité du jeu et l’expérience d’un match NBA. Par exemple, pour la saison 2016-17, la NBA a décidé de mettre en place une nouvelle règle concernant le Hack-a-Shaq (faute volontaire sur un joueur faible aux lancers-francs), en offrant un lancer-franc et la possession à l’équipe ayant subi la faute lors des deux dernières minutes de chaque quart-temps. Avant 2016, cette règle était limitée aux deux dernières minutes du quatrième quart-temps.
Néanmoins, changer certaines règles n’est jamais un processus facile (ça passe par un vote du NBA Board of Governors) et plusieurs problématiques entrent en jeu. Est-ce qu’on touche à l’essence même du jeu ? Est-ce que le spectacle doit prendre le pas sur la tactique ? Quel est le meilleur compromis pour que tous les acteurs s’y retrouvent ?
Dans le cas des fautes intentionnelles avec trois points d’écart en fin de match, une solution pourrait être d’accorder un lancer-franc (ou même deux) et la possession à l’équipe qui a subi la faute. Un peu à la manière du Hack-a-Shaq. Avec une telle stratégie, il n’y aurait plus d’intérêt à faire faute volontairement et l’équipe menée au score aurait une vraie opportunité d’égaliser.
Alors, on envoie la proposition à Adam Silver ?