Goose Tatum story – part 1 : une jeunesse sportive et mystérieuse
Le 31 mai 2025 à 19:33 par David Carroz

Dans le monde de la balle orange, peu de noms sont à la fois aussi emblématiques mais aussi peu connus du grand public que celui de Reece “Goose” Tatum. Certes, sa période de gloire remonte à une ère révolue, mais son impact sur l’une des équipes les plus populaires de l’histoire n’en demeure pas moins exceptionnel. Car cet athlète Afro-américain aux talents multiples a mené les Harlem Globetrotters au sommet du basketball chez l’Oncle Sam puis tout autour du monde alors que les lois ségrégationnistes Jim Crow rythmaient la vie aux USA. Voici la première partie de l’histoire de Reece Goose Tatum, le plus grand showman de l’histoire de la balle orange.
Naissance d’un génie
L’histoire complexe de cet homme charismatique, à la personnalité double, parfois comparé à un “Dr Jekyll et Mister Hyde” du basketball, commence dans le mystère. Reece Tatum est né le 3 mai 1921. Ou alors le 31 du même mois. Ou peut-être bien encore plus tôt, car un recensement de 1920 semble indiquer qu’il a plus d’un an à l’ouverture des twenties. Quant au lieu, si on connaît l’état – Arkansas – le tout subsiste sur la localité, entre El Dorado et Bradley County. Ces ambiguïtés autour de la naissance de Tatum témoignent de la condition des Afro-américains à l’époque : un État sudiste dans l’ancienne ceinture de coton s’en cogne carrément de tenir le registre des naissances de ceux qu’il considère comme inférieurs et qui descendent pour la plupart d’esclaves. Ces conditions sociales dans lesquelles Tatum grandit expliquent sans doute en partie la formation de son caractère complexe, peu loquace et parfois solitaire.
Mais alors on sait quoi sur le jeune Reece Tatum ? L’origine de son surnom Goose (Oie) ? Et bien même pas puisque celle-ci demeure tout aussi mystérieuse. Certaines sources suggèrent qu’il a été surnommé ainsi par sa sœur parce qu’il aime le foie d’oie, tandis que d’autres croient que ce blaze de substitution vient d’un pote qui a remarqué que sa démarche ressemble à celle d’une oie. Ou alors qu’un spectateur lors d’un match de foot américain le compare à une oie lorsqu’il s’élève pour attraper la balle. Il est bien gentil le Goose, mais il aurait pu documenter un poil mieux sa vie qu’on s’y retrouve. Mais dans tous les cas, quelle que soit l’origine de ce surnom, il lui colle à la peau pour le restant de ses jours.
Les débuts sportifs de Goose Tatum
Allez, on retrouve quand même quelques indications sur la jeunesse de Goose Tatum. Dès son plus jeune âge, il montre une passion pour le sport, le seul domaine où sa timidité semble s’effacer. Il kiffe avant tout le baseball, mais quand le temps devient trop froid pour jouer à l’extérieur, il se réfugie avec ses potes dans une vieille maison abandonnée pour jouer au basketball avec des bidons posés en hauteur en guise de paniers et une balle de tennis comme ballon. Quand il s’agit d’activité physique, Goose fait preuve de plus de détermination qu’en cours où le bulletin scolaire pourrait être “bon quand il s’en donne la peine, chose qu’il ne fait quasiment jamais.” Sa réticence à parler n’aide pas non plus à simuler un semblant d’investissement en classe. Mais derrière ce mutisme et cette faible motivation au travail se cache un petit filou qui multiplie les combines pour gagner un peu d’argent.
Et en 1936, ce n’est pas avec un coup monté mais grâce au sport que Goose fait rentrer quelques deniers. Ayant quitté l’école qui ne l’intéresse donc pas des masses, il forme une équipe de baseball avec des amis, ce qui lui permet de gratter entre cinquante cents et un dollar par match. Get rich or die playin. Cette équipe prend de l’ampleur localement et trouve un sponsor. Tatum ne brille pas forcément, semblant en galère avec son corps. Il est grand, peu musclé. Et surtout, il a des bras immenses qui lui confèrent un look reconnaissable entre mille. Ce physique et sa démarche tout aussi particulière lui donnant un air lent et désarticulé ne jouent pas en sa faveur. Replacé en première base pour justement mieux coller à son style, c’est une révélation : ce changement est une bénédiction pour son épanouissement personnel et sportif : d’une part il trouve mieux son rôle dans l’équipe, mais surtout c’est à cette époque qu’il commence à faire le show sur le terrain.
En trouvant cette vocation liant le sport et le spectacle, Goose Tatum pose les bases de ce que va devenir son gagne-pain, sa vie. C’est avec ce mélange qu’une petite décennie plus tard il va faire exploser la popularité des Harlem Globetrotters. Mais pour cela, il va falloir croiser la route d’Abe Saperstein, le boss des Trotters, et changer de calibre de balle en posant celle de baseball au profit de celle orange du basketball.
Source : Spinning The Globe de Ben Green