Goose Tatum story – part 2 : entre sport et divertissement, la naissance d’un style

Le 03 juin 2025 à 18:16 par David Carroz

Goose Tatum story - entre sport et divertissement, la naissance d’un style
Source image : TrashTalk via ChatGPT

Dans le monde de la balle orange, peu de noms sont à la fois aussi emblématiques mais aussi peu connus du grand public que celui de Reece “Goose” Tatum. Certes, sa période de gloire remonte à une ère révolue, mais son impact sur l’une des équipes les plus populaires de l’histoire n’en demeure pas moins exceptionnel. Car cet athlète Afro-américain aux talents multiples a mené les Harlem Globetrotters au sommet du basketball chez l’Oncle Sam puis tout autour du monde alors que les lois ségrégationnistes Jim Crow rythmaient la vie aux USA.  Voici la deuxième partie de notre portrait de Reece Goose Tatum, avec la naissance de son style liant sport et divertissement.

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Baseball et spectacle

Alors qu’il se rapproche de la vingtaine, Goose Tatum n’a qu’une certitude : ce qu’il aime, c’est faire du sport et faire rire les gens. Et ce qui est cool, c’est  qu’il arrive assez bien à concilier les deux comme il a pu le voir avec sa petite équipe de baseball. Mais le fun n’est pas éternel et cette entreprise fort sympathique qui lui rapporte un peu de blé touche à sa fin. Il faut alors rebondir. Lorsque son équipe se sépare, Tatum a trouvé sa vocation : le sport et le spectacle. Il se sent à l’aise sur un terrain, le seul endroit où il semble même en mesure de communiquer avec les autres. Il quitte alors son Arkansas natal où l’avenir semble bouché, direction Louisville, dans le Kentucky.  Un autre État plus ouvert sur le black face que sur l’intégration des Afro-américains. Mais il trouve une nouvelle équipe de baseball, les Black Colonels, qui évoluent dans une Negro League. Petite minute culture : les Negro Leagues de baseball sont des ligues plus ou moins professionnelles réservées aux équipes composées uniquement de joueurs afro-américains. Pas d’autre possibilité pour eux de tâter de la batte – à moins de se faire frapper par le Ku Klux Klan – d’une manière organisée car le sport est entièrement ségrégué. Les bases de cette séparation datent de 1867, avec un renforcement de la barrière raciale vers 1880. Si l’ouverture de la Major League Baseball s’est faite ensuite avec Jackie Robinson en 1947, la reconnaissance de ces Negro Leagues dans l’histoire de ce sport par la MLB est bien plus récente (2020).

Mais revenons-en à notre Oie. Avec les Black Colonels, Goose Tatum touche désormais une trentaine de dollars par rencontre et dispose d’un taf à côté. Cela ne le rend pas plus ouvert aux autres pour autant. Toujours aussi peu loquace, il ne se mêle guère à ses coéquipiers. Bien entendu son caractère solitaire entre dans l’équation, mais il est aussi beaucoup plus jeune qu’eux, ce qui explique donc que les centres d’intérêts puissent différer. Alors il continue sa vie dans son coin : athlète et showman sur le terrain, il passe son temps libre au cinéma ou à aller voir des matchs de basketball. Sans pour autant tâter de la balle orange, en simple spectateur. Très attentif, comme s’il scrutait le style et les moves des joueurs pour les absorber. En parallèle, il évolue aussi dans une autre équipe de baseball appelée Zulus Cannibal Giants. Le délire n’est pas le même puisque le show est mis bien plus en avant que le sport en lui-même. En effet, les joueurs se pointent avec des peintures tribales sur le visage et le corps, jouant sans t-shirt  et avec des pagnes.

Nouveau déménagement pour Goose Tatum

Cette vie fort sympathique entre sport et insouciance – enfin façon de parler lorsqu’on est un Afro-américain au pays de Jim Crow – prend fin au bout de deux ans, suite à une altercation avec le propriétaire des Black Colonels. Un jour où ce dernier avait un coup dans le nez, il n’a pas apprécié une remarque de Goose Tatum et a commencé à l’agresser. Tatum tente d’abord de fuir et de calmer le jeu, mais devant l’insistance et l’agressivité de son boss, il l’attrape avec ses longs bras et commence à le serrer. Seule l’intervention de ses coéquipiers permet d’éviter un drame. Pour autant, il ne compte pas tolérer un tel traitement et il reprend son périple vers le nord pour atterrir à Chicago.

Et comme dans le Kentucky, il trouve une équipe de baseball. Il faut dire que le promoteur des Zulus Cannibal Giants s’occupe également des Ethiopian Clowns à Chi-town, ce qui facilite la tâche de Goose Tatum. Mais déjà, comme ce qui sera également reproché aux Harlem Globetrotters, des voix s’élèvent au sein de la communauté Afro-américaines pour critiquer ce genre d’équipes qui sont avant tout destinées à faire rire le public – le plus souvent blanc – en reprenant les codes des minstrel shows. Les Ethiopian Clowns ne sont pas les seuls à bénéficier des talents de Tatum. En effet, il évolue aussi au sein des Black Barons de Birmingham dont le manager Winfield S. Welch travaille avec Abe Saperstein, le boss des Globetrotters. Welch, qui a déjà goûté aux qualités de showman de Goose, aperçoit un jour son joueur faire le clown avec un ballon de basket. Pas besoin de vous faire un dessin pour la suite, Tatum se retrouve peu de temps après – à l’automne 1941 – au camp d’entraînement des Harlem Globetrotters. Le début d’une longue histoire…

Source : Spinning The Globe de Ben Green


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