Goose Tatum story – part 4 : le symbole des Harlem Globetrotters

Le 05 juin 2025 à 09:17 par David Carroz

Goose Tatum story - le symbole des Harlem Globetrotters
Source image : TrashTalk via ChatGPT

Dans le monde de la balle orange, peu de noms sont à la fois aussi emblématiques mais aussi peu connus du grand public que celui de Reece “Goose” Tatum. Certes, sa période de gloire remonte à une ère révolue, mais son impact sur l’une des équipes les plus populaires de l’histoire n’en demeure pas moins exceptionnel. Car cet athlète Afro-américain aux talents multiples a mené les Harlem Globetrotters au sommet du basketball chez l’Oncle Sam puis tout autour du monde alors que les lois ségrégationnistes Jim Crow rythmaient la vie aux USA.  Quatrième partie de notre portrait de Reece Goose Tatum, sur la période où il propulse les Harlem Globetrotters au sommet.

Avec le talent exceptionnel de dribbleur de Marques Haynes et le show de Goose Tatum, les Harlem Globetrotters atteignent de nouveaux sommets. Chaque prestation est une véritable symphonie de compétences athlétiques et d’humour débordant dans un spectacle qui n’a jamais été aussi divertissant, entre dribbles stupéfiants, tirs précis et rires éclatants. Au sein d’une Amérique qui souhaite oublier la guerre et dont l’économie du sport et du divertissement explose, l’équipe d’Abe Saperstein à toute sa place.

Une star afro-américaine dans le pays de Jim Crow

Enfin, tant qu’elle reste sur le parquet. Car si la popularité des Globetrotters et la renommée de Tatum grandissent, la situation pour les Afro-américains ne fait toujours pas rêver tandis que les premiers balbutiements du mouvement des droits civiques voient le jour. C’est à ce moment que les Harlem Globetrotters commencent à voyager à l’international, avec Goose Tatum et Marques Haynes en tant que têtes d’affiche. Ils se produisent à travers l’Europe, l’Amérique du Sud et même en Asie, gagnant de nouveaux fans à chaque arrêt. Leur influence s’étend bien au-delà de l’Amérique du Nord, faisant du basket-ball un sport véritablement mondial. Les performances inoubliables de Tatum jouent un rôle clé dans cette expansion, établissant les Globetrotters comme les ambassadeurs de la culture américaine du basket-ball. Avec toujours ce triste et implacable constat : le seul endroit où ils font face au racisme, c’est chez eux, aux États-Unis. Particulièrement dans le sud du pays où les signes “Colored only” continuent d‘être la norme.

C’est dans ce contexte que Goose Tatum joue parfois avec le feu. En plus d’avoir perfectionné son basketball, il s’inspire également des grands comédiens pour enrichir son show, quitte à flirter avec les limites.  Le Clown Prince of Basketball – son surnom et  rôle chez les Globetrotters – est une figure connue et reconnue de la balle orange, ce qui lui offre probablement plus de libertés que les autres membres de sa communauté. Chaque soir, il improvise un nouveau gag pour coller à l’audience. Et si cela peut sembler innocent comme lorsqu’il s’habille d’un pagne pour faire du hula-hoop à Hawaï, d’autres sketchs peuvent paraître beaucoup moins politiquement corrects à l’époque.

Des bases d’intégration

Lors d’un match dans le Kansas, il profite du retour aux vestiaires pour aller chercher un jeune gamin – blanc – dans le public et le ramener sur le parquet. Là, il lui fait prendre des tirs puis le porte sur ses épaules pour lui permettre de marquer un panier sous les applaudissements de la foule. Mais avant cette libération, tout le monde se demande ce qu’il va se passer. Ses coéquipiers sont persuadés qu’ils vont se faire lyncher – au sens propre – tandis que le reste de la foule regarde cet Afro-américain se mêler à eux sans savoir trop comment réagir. Et comme si cela ne suffit pas, il place ensuite le gamin sur le banc des Globetrotters avant d’aller poser un des joueurs de l’équipe entre les parents du petit dans les gradins. Là aussi, risqué. Mais accueilli avec le même enthousiasme. Peu de gens poeuvent se permettre de jouer avec les barrières raciales à l’aube des fifties. Goose Tatum le fait, mettant à sa façon son génie et sa renommée au service de l’intégration. Et cela même si les critiques à l’encontre des Globetrotters et de leur style de jeu parodique rappellent que pour se faire accepter, les Afro-américains s’appuient sur les clichés qui ont fait la renommée des Minstrel shows.

Mais il y a aussi du basketball au milieu de tout cela. Et deux matchs charnières dans l’histoire de la balle orange et de son intégration. Le 19 février 1948, les Globetrotters et les Minneapolis Lakers s’affrontent au Chicago Stadium dans une confrontation majeure entre le meilleur Black Five – équipe afro-américaine – de l’époque et la meilleure franchise des ligues professionnelles de basketball, sans ouverture pour les Afro-américain (en dehors de quelques exceptions très ponctuelles et circonstanciées en NBL). Les Globetrotters emmenés par Marques Haynes et Goose Tatum s’imposent au buzzer sur l’équipe de George Mikan. Les Lakers veulent leur revanche, prétendant ne pas avoir pris le match au sérieux. Ils n’auraient pas dû car en février 1949, ils sont humiliés par les Globetrotters renforcés par Nat Clifton. Le Black Five domine tellement la rencontre qu’ils se permettent même de mettre en place leur routine qui a fait leur renommée, entre dribbles de Haynes et gags de Tatum. L’intégration en NBA à partir de 1950 trouve ses racines dans ces confrontations et le niveau affiché par Haynes, Clifton ou encore Tatum.

Source : Spinning The Globe de Ben Green


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