Thunder et Pacers, deux projets de construction exemplaires

Le 05 juin 2025 à 12:23 par Nicolas Vrignaud

Thunder Pacers construction NBA Finales
Source : Montage TrashTalk via YouTube

Les Finales NBA, ça commence ce soir ! Thunder et Pacers s’affrontent pour le titre suprême, et ces deux équipes ont réalisé un travail de construction absolument titanesque pour atteindre ce niveau de compétition. Cela grâce à des transferts intelligents, des paris gagnants sur l’avenir, et l’anticipation parfaite du nouveau CBA. Focus sur deux formules de réussite qui sont aujourd’hui au sommet. 

Le Thunder et les Pacers. Deux équipes qui ont connu les bas-fonds, qui ont pris le temps de travailler, qui ont tracé leur chemin sans faire d’esclandre. Ces Finales NBA 2025 rompent avec les précédentes. Elles voient s’affronter deux projets qui ont réussi avec brio à établir des modèles de construction qui rendent bien des franchises envieuses. C’est l’heure de s’y plonger.

This year’s NBA Finals matchup features arguably the two best front offices.

Sam Presti’s grand vision for the Thunder being a title contender with endless flexibility is here.

Meanwhile, the Pacers continuously hit on every trade and draft pick to pull off a flawless retool. pic.twitter.com/FFQcUsaUdx

— Evan Sidery (@esidery) June 1, 2025

À Oklahoma City, le capital Draft et le scouting comme matériau de luxe

Le Thunder est aujourd’hui unanimement reconnu comme LE modèle de reconstruction parfait. Certes, peu de gens auraient pu prédire que Shai Gilgeous-Alexander, récupéré dans un énorme transfert envoyant Paul George chez les Clippers, allait devenir un joueur MVP de la ligue. Cependant, le Thunder a parfaitement compris comment jouer avec la Draft, en misant sur les échecs futurs des partenaires de transfert, en capitalisant au maximum sur les joueurs à fort potentiel à la fois sur le terrain et au niveau des finances.

Paul George, l’élément de départ

Le transfert avec les Clippers a ramené Shai Gilgeous-Alexander, qu’on ne présente plus. Il a aussi permis au Thunder d’obtenir le choix n°12 de la Draft NBA 2022. Le résultat : Jalen Williams, All-Star cette saison. La même année, ils s’offrent les services de Chet Holmgren avec le choix n°2. Oui, le basket est aussi basé sur une petite dose de chance, mais c’est comme partout, finalement. En l’espace d’une Draft, OKC a construit son futur hydre à trois têtes, son big three. Cependant, le projet de Sam Presti a commencé bien plus tôt que 2022.

En 2019, l’acquisition d’un jeune canadien non-drafté, vu par la direction comme un prospect à fort potentiel, a permis au Thunder de jouir aujourd’hui des services de Luguentz Dort, l’un des meilleurs défenseurs extérieurs de la ligue. On ne va pas faire l’historique complet, mais par la Draft et l’accumulation de choix venus de toute la ligue, le Thunder s’est offert une place de choix à la fois du côté des vendeurs et des acheteurs.

Meilleur exemple ? Le recrutement d’Alex Caruso, en provenance des Bulls, contre Josh Giddey, pourtant élément important de la rotation. Le chauve est devenu l’une des armes à tout faire les plus efficaces d’OKC, et son arrivée dans l’Oklahoma a été rendue possible par l’excellente gestion du capital Draft de Sam Presti.

Le titre, une simple récompense

Le plus intéressant dans ce projet, c’est que le titre NBA n’est pas la finalité. La finalité, c’est le cercle vertueux qui permet de rester au sommet presque éternellement, à condition de conserver cette gestion et ce scouting de haut niveau. Oui, car à l’heure où ces lignes sont écrites, l’impact du CBA sur la ligue force les équipes à ne pas distribuer rincer n’importe quel joueur.

Thunder’s picks from now til 2031:

2025: 2 firsts, 1 second
2026: 3 firsts, 1 second
2027: 2 firsts, 2 seconds
2028: 1 first, 3 seconds
2029: 2 firsts, 5 seconds
2030: 1 first, 4 seconds
2031: 1 first, 1 second

Best picks:
28 DAL 1st swap
26 PHI and UTA 1sts (protected)
27 LAC… pic.twitter.com/5VIjsSnaYD

— 𝑪𝒐𝒏𝒆 🌩 (@Three_Cone) May 30, 2025

Le format actuel “idéal” d’un point de vue finances, pour éviter les lourdes sanctions prévues par la Luxury Tax et les différents aprons (paliers au-delà de la LT), c’est deux joueurs stars, et des salaires plus raisonnables à côté pour entourer les gros montants avec des joueurs de rotation efficaces.

Le Thunder peut court-circuiter cette règle, en faisant jouer des jeunes talentueux déjà au niveau All-Star avec des contrats rookie, c’est à dire plafonnés et très peu onéreux. Et quand les règles financières ne permettront plus de conserver tous les éléments ? On transfère, on récupère des choix de Draft, et on repart sur le même cycle. Monstrueux d’ingéniosité, de pérennité. Et ce soir, l’étape finale du cycle 1 commencera à OKC. Terrifiant, comme phrase.

Dans l’Indiana, le flair et la vision long-terme comme armes ultimes

Si l’on vous disait que la construction de l’équipe des Pacers qui disputera ce soir les Finales NBA a commencé… en 2015, vous y croiriez ? Peut-être pas, et pourtant, c’est vrai. C’est à la Draft 2015 qu’Indiana fait l’acquisition de Myles Turner, le pivot dont a écrit des pelles et des pelles de papiers rumeur de transfert, mais qui n’est jamais parti. Il est aujourd’hui l’un des joueurs majeurs du groupe.

Contrairement au Thunder, les Pacers n’ont pas entièrement misé sur la Draft pour se construire un groupe capable d’atteindre les Finales. La direction a pris un chemin plus “risqué”, celui des transferts de joueurs déjà établis dans la ligue. Une voie également payante, grâce à de multiples transactions réussies.

Paul George, forcément, en 2017. Le premier gros tournant du projet. Un transfert pour récupérer Victor Oladipo et Domantas Sabonis en provenance du Thunder. Les pièces qui serviront, plus tard, à récupérer Tyrese Haliburton, mais aussi Ben Sheppard et Andrew Nemhbard. Tout s’enchaîne ensuite, été après été, le recrutement de joueurs à faible coût salarial, pour développer, pour rester une équipe compétitive.

Entre 2017 et 2022, autre année charnière, les Pacers s’entourent de plusieurs des pièces essentielles au groupe aujourd’hui. TJ McConnell en est le meilleur exemple : arrivé en 2019 pour 7 millions sur 2 ans, il s’est entièrement construit à Indiana, et émarge aujourd’hui à 45 millions sur 4 ans. Un modèle de flair et de réussite.

2022, Tyrese Haliburton

Le 8 février 2022 restera comme l’une des dates les plus importantes pour la franchise au XXIe siècle. C’est la date du transfert envoyant Domantas Sabonis chez les Kings en échange de Tyrese Haliburton. Un meneur All-Star, All-NBA est récupéré par Indianapolis, qui a très bien senti que les années Sabonis n’iraient pas plus loin en termes de résultats. Deux jours avant, les Pacers ont sécurisé plusieurs choix de Draft en envoyant Caris LeVert à Cleveland.

Dans la foulée du transfert, Malcolm Brogdon, obtenu dans un sign-and-trade avec les Bucks, est transféré aux Celtics l’été suivant, contre Aaron Nesmith. La Draft apporte aussi, avec le 6e choix, Bennedict Mathurin. Deux autres membres importants du groupe actuel. L’idée d’acheter au prix les services de Bruce Brown en 2023 n’a pas été excellente, mais grâce à un mouvement intelligent, les Pacers s’en sont servis dans le 2e gros temps fort de la construction de leur groupe. Allez, l’année 2023 est aussi marquée par l’arrivée de Jarace Walker via la Draft et d’Obi Toppin dans un transfert avec les Knicks. Ça va.

2024, Pascal Siakam

Échangé aux Raptors contre Bruce Brown, Jordan Nwora, Kira Lewis Jr. et des choix de Draft, Pascal Siakam est la dernière pièce majeure du groupe de Rick Carlisle. L’élément qui doit permettre aux Pacers de gagner en expérience (Siakam est champion NBA) et d’amener une grosse 2e option au scoring pour le groupe. Et c’est là qu’arrive l’année 2025, celle des Finales, celle du rêve.

Contrairement au Thunder, les Pacers n’ont pas une flexibilité monstrueuse. Mais ils ont des armes redoutables, comme le sens des affaires, le flair pour aller chercher ce qu’il manque. Et au bout de 10 ans, ils sont à une marche du bonheur absolu. Sans dépasser le premier apron, sans se mettre dans la sauce niveau compte en banque. Ça force le respect, c’est aussi là que se trouve le succès. Dans un projet qui n’a jamais prétendu être prestigieux, mais tout du moins sérieux, se laissant le temps tout en saisissant les opportunités intéressantes.

Cette nuit, la science du parquet mettra, bien loin de celle de l’argent, ces deux projets au défi. Pourtant, il semble bien que Thunder comme Pacers ont déjà réussi une partie de leur pari, à savoir faire de grandes choses avec du travail et de l’envie.

Sources : Yahoo Sports, Spotrac, ESPN


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