Thunder vs Pacers : les 5 enseignements de leurs confrontations en saison régulière
Le 05 juin 2025 à 13:04 par Nicolas Meichel

Comme tous les finalistes NBA, le Thunder et les Pacers ont eu droit à deux matchs de saison régulière l’un face à l’autre. Deux matchs qui permettent aujourd’hui d’avoir un aperçu potentiel des choses à venir. Après revisionnage, voici cinq enseignements de leurs confrontations cette année.
- 26 décembre à Indiana : Pacers 114-120 Thunder
- 29 mars à Oklahoma City : Thunder 132-111 Pacers
La bataille des turnovers remportée par Indiana… dans la défaite
La finale entre le Thunder et les Pacers oppose l’une des meilleures défenses de l’histoire à une attaque élite et hyper efficace.
Deux stats résument cela, et concernent à chaque fois les pertes de balle : Oklahoma City est l’équipe qui en provoque le plus en NBA (16,3 turnovers de moyenne pour l’adversaire), et Indiana est la quatrième meilleure équipe NBA au nombre de pertes de balle concédées (seulement 12,2 par match cette saison). La bataille des turnovers devrait donc représenter un élément clé de l’ultime série de la saison.
On emploie le conditionnel car en saison régulière, Indiana s’est incliné deux fois contre le Thunder… sans perdre plus de ballons que d’habitude : 11 au premier match, 13 au second, on est donc pile-poil dans la moyenne. Oklahoma City n’a intercepté “que” 13 ballons sur les deux matchs (pour info, Alex Caruso était forfait au premier) pour 27 points marqués au total sur turnovers (13,5 de moyenne). C’est bien en dessous des standards d’OKC cette année. En effet, sur la saison régulière comme en Playoffs, le Thunder tourne à plus de 10 interceptions par match pour environ 23 points gratos.
Perdre face au Thunder alors que vous avez pris soin du ballon, ce n’est clairement pas un bon signe pour les Pacers en vue des Finales à venir. Oklahoma City a réussi à compenser ce manque à gagner en se montrant globalement solide sur demi-terrain, parce que oui OKC n’est pas qu’une défense qui surfe sur les pertes de balle. C’est discipliné, c’est athlétique, ça peut switcher dans tous les sens, et surtout ça défend toujours ensemble.
L’autre élément, c’est que de l’autre côté du terrain, Oklahoma City a fait preuve d’une belle efficacité offensive, avec seulement 6,5 pertes de balle sur les deux matchs et 54 points dans la raquette en moyenne. Cela a annulé le principal point fort des Pacers : les points en transition. Indiana a été limité à 19 points sur contre-attaque sur l’ensemble des deux matchs. Si la bande de Tyrese Haliburton ne peut pas courir contre le Thunder, ça risque d’être vite compliqué.
Un impact moindre pour Tyrese Haliburton
Dans la continuité du paragraphe précédent, on rebondit sur la production de Tyrese Haliburton, bien en dessous de ses standards face au Thunder : 22 points et 11 passes pour Tyrese… sur les deux matchs (11 points et 5,5 assists de moyenne). C’est le genre de stats que le meneur d’Indiana sort habituellement en une seule rencontre, mais la défense du Thunder est tellement forte qu’elle est capable de diviser votre production par deux.
Pour rester dans les chiffres, sachez aussi qu’Haliburton a connu son quatrième usage rate le plus faible de la saison lors de la seconde rencontre face à OKC : seulement 19,7% de possessions utilisées par le joueur, via StatMuse. En moyenne cette année, ce chiffre est de 21,6.
Tyrese Haliburton sur les 2 matchs face à OKC en saison régulière :
🔸4e pire performance au scoring : 4 points
🔸2e pire performance à la passe : 3 assists
Le challenge qui l’attend face au Thunder est ENORME !
(@TrashTalk_fr) pic.twitter.com/Ni42ODgthL
— Nico TrashTalk 🏀 (@nicolasmeichel) June 4, 2025
Qu’a fait le Thunder pour autant limiter l’impact d’Haliburton ?
Bon, déjà, Tyrese a dû se coltiner Luguentz Dort – joueur First Team All-Defense – pendant la majorité des possessions. D’autres défenseurs ont également été envoyés sur Hali, notamment Cason Wallace et Alex Caruso mais aussi Kenrich Williams et un peu de Jalen Williams selon les possessions. On a vu aussi le Thunder intégrer quelques petites possessions de zone, juste histoire de perturber le rythme adverse.
Tout ça pour dire qu’Oklahoma City a la capacité de proposer différents défis/profils défensifs, et de beaucoup switcher sans que la défense ne soit déséquilibrée. Et ça, c’est l’enfer pour un attaquant. OKC est à la fois agressif et discipliné, laissant peu d’espaces à exploiter. On rappelle également que les opportunités en transition n’étaient pas nombreuses. Résultat : on arrive sur de l’attaque demi-terrain, ce qui complique la tâche des Pacers.
Le seul vrai spot où Haliburton a réussi à scorer et se montrer agressif dans ses prises d’initiatives, c’est quand il a pu provoquer un switch pour avoir le pivot Isaiah Hartenstein face à lui. Il s’est montré en réussite à 3-points sur ces séquences mais les pénétrations restaient rares.
“Tyrese n’a terminé qu’avec 4 points et 6 tirs tentés, mais ils ont mis Lu Dort en mission sur lui. Et Lu Dort est aussi bon que n’importe qui en défense aujourd’hui dans la Ligue. Forcément, ça a beaucoup joué.” – Rick Carlisle, après le premier match Indiana – OKC
Les faibles stats de Tyrese Haliburton s’expliquent aussi par la volonté des Pacers d’exploiter des matchs-ups plus favorables. Vous l’avez compris, il n’y en a pas beaucoup contre la défense du Thunder, mais Indiana a pas mal axé son attaque sur Pascal Siakam et Andrew Nembhard.
C’était particulièrement le cas dans le premier match où tous les deux ont dépassé les 20 points. Siakam a attaqué Hartenstein quand il a pu, tout en essayant de profiter de son avantage de taille quand il était opposé à des défenseurs plus petits. Quant à Nembhard, il a aussi su profiter de certains match-ups (Hartenstein dans le périmètre, Isaiah Joe) pour se montrer impactant. Pendant ce temps-là, Haliburton a beaucoup évolué sans ballon, plus dans un rôle de connecteur que de véritable chef d’orchestre.
Shai Gilgeous-Alexander intenable
Au vu de la saison de MVP réalisée par Shai Gilgeous-Alexander cette année, on ne peut pas vraiment parler d’enseignements. SGA a en effet terrorisé toutes les défenses de la NBA cette saison. Néanmoins, celle d’Indiana a pris particulièrement cher.
- Match 1 : 45 points, 7 rebonds, 8 passes, 15/22 au tir (4/5 de loin), 11/11 aux lancers-francs
- Match 2 : 33 points, 7 rebonds, 8 passes, 10/23 au tir (3/6 de loin), 10/12 aux lancers-francs
Le premier défenseur sur SGA se nomme Andrew Nembhard, qui a récemment rendu la vie dure à Jalen Brunson mais qui n’a pas réussi à ralentir Shai durant la régulière. D’autres ont essayé de s’y coller, comme Aaron Nesmith (absent au premier match), Ben Sheppard ou encore Ben Mathurin. Sans succès.
On a vu – notamment dans le premier match – Gilgeous-Alexander prendre des positions efficaces au poste sur Nembhard et Sheppard. Les Pacers n’ont pas non plus réussi à limiter ses pénétrations. Dans la première rencontre, les écrans “haut” d’Isaiah Hartenstein ont donné une rampe de lancement à SGA pour attaquer la raquette. Dans la seconde, alors que Shai était en difficulté au tir, le coach Mark Daigneault a sorti un lineup “five-out” (pas de vrai intérieur, ça jouait avec Kenrich Williams ou Dillon Jones) qui a accéléré le rythme et lui a ouvert beaucoup d’espaces pour pénétrer. Des pénétrations permettant de scorer, mais pas que.
Car en plus du scoring, SGA a aussi brillé au playmaking : 16 passes décisives pour seulement 1 perte de balle sur les deux matchs. Tyrese Haliburton est jaloux. En parlant de Tyrese, Shai a su provoquer des switchs pour l’attaquer, provoquant ainsi une voire plusieurs aides défensives qu’il a bien su exploiter sur les deux rencontres. Enfin, Gilgeous-Alexander s’est montré efficace en transition, tout en sachant répondre aux quelques possessions de zone tentées par Indiana.
Shai Gilgeous-Alexander’s averages this season against the Pacers in two games:
39 points
8 assists
7 rebounds
1 steal
1 block
12 free throw attempts
71.1 TS%
SGA shot 61.1% when guarded by Andrew Nembhard, who will be his primary defender in the Finals.pic.twitter.com/kex1yVWTQa
— Evan Sidery (@esidery) June 1, 2025
Isaiah Hartenstein sacrifié ?
Lors des deux confrontations de saison régulière, l’intérieur du Thunder Chet Holmgren n’a pas joué. On pourrait donc penser à un rôle plus important pour Isaiah Hartenstein dans ces matchs-là, mais son temps de jeu était limité.
Après avoir eu droit à 34 minutes dans la première rencontre, Harteinstein n’a en effet joué que… 14 minutes dans la seconde, qui ne remonte pas à si loin (fin mars). S’il était limité par une blessure à la hanche ainsi que des fautes, c’est peut-être un signe des choses à venir. Et ce pour deux raisons principales.
Première raison : il faut savoir qu’à cause de la présence de Myler Turner – un pivot fuyant – à Indiana, Hartenstein a dû défendre sur Pascal Siakam, pendant que Jalen Williams était sur Turner. Si Spicy P est moins menaçant à 3-points, ce n’est pas vraiment un match-up favorable pour Hartenstein. Ce dernier a aussi été pris dans des switchs face à Tyrese Haliburton.
Deuxième raison : de l’autre côté du parquet, la présence d’Isaiah Hartenstein permet à Myles Turner de zoner près du cercle, lui qui est un contreur de qualité. Et ça c’est pas idéal pour les pénétrations de Shai Gilgeous-Alexander et Jalen Williams. Comme on l’a vu au-dessus, Mark Daigneault a aligné des joueurs comme Kenrich Williams, Dillon Jones et même Branden Carlson à la place d’Hartenstein, afin d’ouvrir plus d’espaces vers la raquette. Un choix payant.
Contre une équipe des Pacers qui veut jouer vite, qui possède un intérieur shooteur comme Turner et des matchs-ups pas très favorables à Isaiah Hartenstein, Mark Daigneault choisira-t-il de sacrifier son pivot ? On a déjà vu ce scénario sur ces Playoffs 2025. En tout cas, en saison régulière contre Indiana, Oklahoma City était plus performant avec Hartenstein sur le banc que sur le terrain (+/- de -3 sur l’ensemble des deux matchs).
L’absence de Jarace Walker pourrait peser…
Touché à la cheville face aux Knicks, Jarace Walker va manquer au moins les deux premiers matchs de la finale. Walker n’a pas beaucoup joué en Playoffs et son absence pourrait ainsi être considérée comme anecdotique. Sauf que l’entraîneur des Pacers Rick Carlisle l’avait pas mal responsabilisé lors des matchs-ups de saison régulière contre OKC :
- 15 minutes dans le premier match (après la blessure d’Obi Toppin) et surtout 27 dans le second, pour une production pas inintéressante (11 points, 4,5 rebonds, 2 passes). “Jarace a fait des bonnes choses. J’ai adoré son agressivité et il est présent au rebond” avait notamment déclaré Carlisle après la rencontre de décembre dernier.
S’il peut parfois être dépassé par le plus haut niveau, et que ces stats de régulière n’ont qu’une signification limitée à l’heure des Finales NBA, Walker possède un profil qui aurait pu aider les Pacers sur la série à venir. On parle d’un beau bébé de 2m01 pour 107 kilos avec 2m18 d’envergure. Cela peut servir contre une équipe physique, athlétique et profonde comme le Thunder.
Si Indiana possède également beaucoup d’options sur son banc, vous n’avez jamais assez de joueurs quand il s’agit d’affronter la tornade Oklahoma City. Rien que pour ça, l’absence de Walker peut peser.
“Pour au moins les deux premiers matchs, son absence représente une perte pour nous.” – Rick Carlisle
Jarace Walker was helped to the locker room after he went down on his ankle trying to get the block on Karl-Anthony Towns 🙏pic.twitter.com/wjebQ0LUHE
— ClutchPoints (@ClutchPoints) June 1, 2025