Goose Tatum story – part 7 : une fin tragique mais un héritage immense
Le 15 juin 2025 à 09:51 par David Carroz

Dans le monde de la balle orange, peu de noms sont à la fois aussi emblématiques mais aussi peu connus du grand public que celui de Reece “Goose” Tatum. Certes, sa période de gloire remonte à une ère révolue, mais son impact sur l’une des équipes les plus populaires de l’histoire n’en demeure pas moins exceptionnel. Car cet athlète Afro-américain aux talents multiples a mené les Harlem Globetrotters au sommet du basketball chez l’Oncle Sam puis tout autour du monde alors que les lois ségrégationnistes Jim Crow rythmaient la vie aux USA. Septième et dernière partie de notre portrait consacré à Reece Goose Tatum, avec son décès et l’héritage qu’il a laissé au basketball.
Bien que son corps et sa santé lui jouent des tours au milieu des années soixante, Goose Tatum, son équipe des Harlem Roadkings mais aussi deux de ses fils continuent de sillonner les routes et à enchaîner les gags sur les terrains de basketball. Jusqu’à un drame bien plus tragique que la blessure à la jambe qui avait valu à Goose un séjour à l’hosto quelques mois plus tôt.
Clap de fin pour Goose Tatum
Alors que les ennuis de santé n’ont pas mis à terre Goose Tatum, le destin va se charger de lui envoyer la seconde lame qui va l’anéantir. En avril 1966, son fils aîné qui évolue désormais avec lui chez les Roadkings meurt dans un accident de la route. Partis devant en voiture, Goose, sa femme et son autre fils attendent à la salle que Sonny arrive avec les autres joueurs qu’il conduit. Il n’arrivera jamais et le match ne se jouera pas. Goose vient de perdre le fils avec qui il tentait de recoller les morceaux, celui qu’il avait si peu vu. Un gamin de 17 piges.
La perte de Sonny réveille les vieux démons de l’ancien Globetrotter. Ravagé par le chagrin, il se réfugie dans l’alcool et se détruit à petit feu. Il le sait suite aux examens médicaux passés quelques mois plus tôt, son foie n’est pas beau à voir et la bouteille est à proscrire. La vie de la famille est désormais rythmée par les allers-retours à l’hosto de Goose, ce qui cause de nouveaux soucis financiers : sans leur star, les Roadkings ne font pas recette et les factures s’entassent pour les soins. Impossible de garder la tête hors de l’eau. Alors qu’un match en son honneur est prévu le 19 janvier 1967 pour lever des fonds, de nombreux anciens Globetrotters acceptent de faire le voyage. Goose Tatum, pourtant interdit de pratique sportive, fait lui aussi le déplacement à Dallas. Il compte bien jouer lui. La veille de la rencontre, il est victime d’un malaise en sortant de son bain. Il meurt quelques minutes plus tard.
Sans que l’on sache vraiment pourquoi, l’enterrement arrive très vite, si bien que quasiment personne ne peut y assister. Marques Haynes, l’ami et ancien coéquipier des moments de gloire, se pointe au cimetière et cherche un regroupement autour de la tombe de Goose Tatum pour pouvoir assister à un dernier hommage. Ce dernier repose déjà en paix, sans personne dans les environs. Haynes, pensant qu’il a râté l’office, s’enquiert auprès des fossoyeurs. Ils lui affirment que rien de particulier n’a été fait pour cet enterrement. Marques s’empresse alors d’aller acheter une bible pour réparer cette absence de cérémonie en faveur de celui qui, quelques jours plus tôt, parlait avec lui de reprendre les tournées communes avec son ancien coéquipier.
Un héritage à ne pas sous estimer
Le samedi 21, deux jours après la date initialement prévue pour le match caritatif, un ultime hommage est rendu à Goose Tatum. Histoire de se rappeler les exploits du plus grand showman de l’histoire de la balle orange, celui qui vivait par et pour les rires de la foule. Un public qui n’a pas attendu la reconnaissance tardive – 2011 – du Hall of Fame pour avoir une idée de l’importance de l’ancien pilier des Globetrotters dans le livre du basketball. Une intronisation à titre posthume donc, avec aux côtés de son fils Reece III deux autres légendes des Trotters pour l’accompagner. Marques Haynes, bien entendu, mais aussi le successeur de Tatum en tant que Clown Prince of Basketball, Meadowlark Lemon.
Sa présence au panthéon du basketball rappelle l’héritage indélébile que Goose Tatum a laissé. Chez les Globetrotters, bien entendu, où il a redéfini la place de l’humour dans le sport en inventant un rôle sur-mesure pour ses qualités. Rôle qui subsiste aujourd’hui encore dans le show de l’équipe. Le tout en prouvant que les Globetrotters étaient plus qu’une simple attraction de divertissement, mais aussi une équipe de basket-ball compétitive et talentueuse. Goose Tatum n’était pas seulement un showman, c’était un pionnier. Un symbole de son époque.
Cantonné aux Negro Leagues lorsqu’il jouait au baseball, membre majeur d’un Black Five – dont le propriétaire était un Blanc – qui a remis en cause la ségrégation dans les ligues professionnelles de basket mais aussi star adulée dans le monde entier – y compris par ceux qui menaient la vie dure aux Afro-américains en dehors des parquets, Tatum a fait évoluer les mentalités à sa façon. Son rôle dans les Harlem Globetrotters n’a pas seulement permis de propulser l’équipe sur la scène internationale, mais a également changé la manière dont le basket-ball est perçu et joué, faisant de lui une véritable légende du sport.
Source : Spinning The Globe de Ben Green