Warriors 2014/15 – 10 ans plus tard : après le titre, la révolution du jeu

Le 18 juin 2025 à 17:54 par Clément Hénot

Warriors Curry
Source image : YouTube

Lors de la saison 2014-15, les Golden State Warriors ont pris le contrôle de la NBA, et ne l’ont pas souvent lâché depuis. Avec un style de jeu flamboyant, ils ont complètement détruit les codes de la ligue et ont changé le jeu, mais comment ont-ils fait ?

On pourrait très bien écrire “bah en étant adroits de loin” et terminer cet article, on serait quand même dans le vrai. Mais en réalité l’analyse va quand même un peu plus loin que ça bien que le shoot à longue distance prenne – vous vous en doutez bien – une place prépondérante au cœur de cet argumentaire. Car si de nombreuses équipes ont misé beaucoup sur le tir à trois points, les Warriors sont les premiers à avoir su en vivre durablement, sans mourir à cause d’un manque de réussite de loin.

Mike D’Antoni à Phoenix puis Houston, et Stan Van Gundy à Orlando ont essayé de démocratiser ça, mais les Warriors de Steve Kerr ont eu la réussite insolente qui va avec. Il n’y avait qu’à se souvenir des fameux troisièmes quart-temps de Golden State pour comprendre qu’une bourrasque pouvait très vite s’abattre sur les adversaires. Avec Stephen Curry, puis Klay Thompson, puis Kevin Durant en ville, les trois pouvaient canarder à distance plus que de raison. Si bien d’ailleurs que ce dernier avait parfois le champ libre pour dunker seul car les défenses se focalisaient sur les deux premiers. Bah oui, deux points, c’est moins que trois.

Pour comprendre l’évolution du jeu en NBA, il faut aussi se fier à cette stat : avant 2015, il n’y avait que 2 joueurs qui tentaient plus de 6 paniers à 3 points par match. Après 2015, il y en avait 37, preuve de l’influence de monstre qu’ont eu Chef Curry et ses potes sur le jeu. D’ailleurs, Raymond Felton le déclarait dans un podcast, l’évolution du jeu ne concerne pas forcément que les snipers d’élite de base, mais aussi les big-men, qui ont dû faire évoluer leur type de jeu afin de continuer d’exister dans la ligue.

“Ils (les Warriors) ont changé la façon d’attaquer à travers la ligue. Ils ont changé le jeu. Quand je suis arrivé, les postes 5 attendaient la balle dans la raquette pour essayer de marquer. Quelques années plus tard, ils ont débarqué en essayant de shooter à 3 points. C’est tout le jeu qui s’en retrouve changé” – Raymond Felton

Aujourd’hui, les Nikola Jokic, Karl-Anthony Towns, Victor Wembanyama ou même Brook Lopez ont tous fait évoluer leur jeu. Il faut dire que le succès des Warriors grâce à leur insolente réussite à 3 points laisse rêveur et cet aspect du jeu a obligé tout le monde à  s’adapter. Nombreux sont les big men qui sont devenus des menaces longue distance, et on ne parle même pas des joueurs extérieurs, qui axent de plus en plus leur jeu sur le shoot extérieur.

Avant l’avènement du Chef, Ray Allen détenait le record du nombre de paniers primés inscrits en NBA avec 2 973 tirs derrière l’arc à son actif, le tout en 1 300 matchs dans la grande ligue. Stephen Curry l’a depuis détrôné et il a pris bien moins longtemps. Il n’a fallu que 789 matchs au fils de Dell et Sonya pour dépasser l’ancien arrière des Sonics, des Bucks, des Celtics et du Heat. Aujourd’hui, Curry en est à 4 058 tirs primés qui ont fait ficelle, en 1 026 matchs, il est le seul à avoir dépassé cette barre symbolique. Des chiffres assez vertigineux qui en font le plus grand shooteur de l’histoire selon beaucoup de personnes, et pour lui-même aussi désormais.

“Je ne voulais pas m’autoproclamer plus grand shooteur de l’histoire tant que je n’avais pas battu ce record. Maintenant, je me sens bien à l’idée de le dire.” – Stephen Curry

Son shoot si particulier a fait des émules aux quatre coins de la planète. Voir cet énergumène envoyer des bombes deux mètres derrière la ligne alors qu’il reste plus de 20 secondes sur l’horloge des 24, c’est impressionnant, on en convient.

Nombreux sont ceux qui voulaient tenter d’avoir la même rapidité d’exécution, la même fluidité et tout ça à la même distance vertigineuse, même au niveau amateur où des joueurs se prennent à tenter des shoots aussi durs, mais sans forcément avoir les fondamentaux. Il faut dire que voir un type aux mensurations tout ce qu’il y a de plus classiques rouler sur la NBA, ça représente un message d’espoir pour tous ceux et celles dans la même situation, pour les femmes, le modèle suivi sera plutôt celui de Caitlin Clark.

Steph Curry est d’une précision chirurgicale et en plus, il a eu Klay Thompson, autre célèbre artificier et “Splash Brother” officiel du Chef, capable de planter ses pieds dans le parquet pour canarder instantanément, qui lui libérait des espaces significatifs et qui pouvait détourner l’attention. Et on ne parle même pas du renfort de Kevin Durant en 2016. Très pratique pour pouvoir étirer le jeu au maximum et attirer l’attention sur d’autres joueurs, comme on vous l’expliquait plus haut.

Ce style de jeu a permis de mettre l’accent sur le tir du parking, bien plus rentable que les tirs à mi-distance, de plus en plus boudés dans la NBA moderne, au profit des tirs à 3 points. Et grâce à cette adaptation et à cette réussite, les Warriors ont chopé 4 titres depuis 2015 et ont même détrôné les Bulls avec le meilleur bilan de l’histoire de la saison régulière avec 73 victoires pour 9 défaites.

The Game Has Changed. pic.twitter.com/ou21SdfiO7

— Kirk Goldsberry (@kirkgoldsberry) March 28, 2024

Toutefois, il serait réducteur de résumer cette dynastie à une simple réussite au shoot. Non, Steve Kerr a réussi la prouesse de mettre cette force au cœur d’un basket ultra collectif, mettant à l’honneur le jeu sans ballon et ne négligeant pas du tout la défense, comme certains ont pu le faire auparavant. Et il s’est appuyé sur d’autres qualités de son meneur, autrefois considéré comme “trop petit” ou “pas assez physique”, notamment à sa sortie de l’université de Davidson : son playmaking et sa technique.

En effet, sa technique et ses dribbles lui permettent de trouver des espaces pour déclencher son tir, déjà qu’il n’a pas besoin de beaucoup d’espace pour ce faire, il peut aisément se créer son shoot, mais aussi pour les autres, avec des passes spectaculaires, bien aidé par l’intelligence de jeu de ses coéquipiers et le jeu sans ballon décidé par son coach, symbole d’un collectif à toute épreuve.

Car oui, si Stephen Curry est un talent générationnel malgré son gabarit “lambda”, aurait-il eu la même réussite sans son squad ? Rien n’est moins sûr, Steve Kerr himself le reconnait en tout cas, et ce bien que le numéro 30 en soit le fer de lance.

“On peut tous s’asseoir et remercier Steph pour cette ère. Tout le monde y a joué son rôle (…) Il y a des Hall of Famers comme Klay, Draymond et Andre. C’est une collection impressionnante de talents. Mais si on venait à enlever Steph de l’équation, je n’aurais pas coaché une décennie ici. J’aurais été viré bien avant.” – Steve Kerr

Le jeu sans ballon de Klay Thompson lui a par exemple déjà permis de poser 60 points en 11 dribbles par exemple, mais sa défense lui permettait autrefois de se frotter aux meilleurs scoreurs adverse aussi. L’intelligence de jeu de Draymond Green, et ses écrans (légaux ou pas, on vous laisse en débattre entre vous) libérait pas mal d’espaces, et son vice faisait de GS une équipe encore plus relou à manoeuvrer. Andre Iguodala a été élu MVP des Finales en 2015 (là encore, on vous laisse discuter de la légitimité de ce titre) grâce à sa défense et son apport offensif, lui qui s’est parfaitement fondu dans le moule des Warriors. Puis en 2016, Kevin Durant, l’un des meilleurs scoreurs de l’histoire de la NBA, a ramené ses talents dans la Baie.

Avec Klay Thompson le fidèle Splash Brother, capable de prendre feu également, Draymond Green, le grognard, pierre angulaire des Warriors et ancre défensive, Andre Iguodala, le défenseur et facteur X au point d’être MVP des Finales 2015, Andrew Bogut, le pivot défensif qui revient de loin, Harrison Barnes, l’ailier discret mais précieux, Shaun Livingston, le meneur remplaçant qui a failli se faire amputer d’une jambe, Zaza Pachulia, le pivot Géorgien pas toujours très classe mais dur au mal, Kevin Durant, l’ailier opportuniste mais qui a donné à cette team une toute autre force de frappe, il y a du beau monde à congratuler à Golden State !

Cela prendrait du temps de tous les énumérer mais ils sont nombreux à avoir épaulé Curry dans cette quête. Et bien que ce dernier soit le principal visage de cette dynastie et que le style de jeu de ces Warriors a été basé sur ses forces, il serait insultant d’oublier les joueurs susnommés et oubliés dans cette liste. Ils font partie des blazes qui ont contribué à changer le game.

Sources texte : NBC Sports, Yahoo! Sports, ClutchPoints, CNN


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