La Draft NBA, c’est quoi en fait ? On vous explique !
Le 25 juin 2025 à 06:52 par Nicolas Vrignaud

Ce jeudi aura lieu la 79e Draft NBA de l’histoire. Une formalité pour les chevronnés de NBA, ceux qui se lèvent la nuit pour jouir de quelques heures de plaisir devant la balle orange. Mais voyez-vous, nous pensons aussi chez TrashTalk à ceux qui viennent de monter dans le train. Félicitations, vous êtes dans le bon wagon. Ensuite, voici quelques explications pour mieux comprendre la Draft NBA, proposées par un spécialiste qui n’existe pas, Sébastiano Drafto, diplômé de l’Université de Boulogne ET de Joué-les-Tours.
Rencontré cette année sur les hauteurs de Lima (au Pérou), dans une bicoque un peu rustre mais décorée avec des maillots d’Anthony Bennett et des poupées vaudou incarnant tantôt Kwame Brown, tantôt Killian Hayes, Sébastiano Drafto est un spécialiste imaginaire de la Draft. Chaleureux remerciements à Arthur Baudin, qui a initié le contact avec cette personnalité rare il y a maintenant deux ans.
TrashTalk : Bonjour, Sébastiano.
Sébastiano Drafto : Bonjour.
TT : Après une année d’infidélité, parce que l’avion pour le Pérou n’est pas donné, nous revenons vous voir pour comprendre la Draft NBA. Comment vous portez vous ?
SD : Ma foi, ça va. J’ai pu étudier, ici à Lima et dans les Andes, les conséquences de l’altitude sur l’effort sportif. Cela m’a particulièrement aidé à comprendre pourquoi Jamal Murray était nul à chier 6 mois dans l’année.
TT : (Coupera la phrase précédente au montage). Entrons donc dans le vif du sujet, si vous le voulez bien. La Draft NBA, c’est quoi ?
SD : La Draft, c’est la soirée d’introduction en NBA de 60 jeunes joueurs âgés de 19 à 22 ans, pour faire très simple. Les 30 franchises NBA sont – théoriquement, mais on en parlera après – appelées à sélectionner un ou plusieurs joueurs dans le cadre de deux tours de sélection. Si vous avez suivi, ça fait deux tours de 30 choix.
TT : Et ces jeunes, qui sont-ils ? Est-ce que notre pote qui joue en U20 à Benet peut être choisi, ou est-ce organisé selon des critères particuliers ?
SD : Bonne question. Désolé pour votre ami, mais une carrière de joueur de D4 lui tend probablement les bras. Pour la Draft, on va rester sérieux et parler de vrais bons basketteurs. Les 60 jeunes qui seront appelés peuvent être considérés comme les 60 meilleurs joueurs entre 19 et 22 ans du monde pas encore en NBA, sur l’année donnée. La plupart jouent dans de grandes universités américaines, mais de plus en plus, les prospects sont internationaux et ont déjà un passif professionnel dans leurs pays d’origine.
TT : D’accord, on comprend. D’ailleurs, vous avez parlé de deux tours, pourquoi ne pas en faire qu’un seul ?
SD : Parce qu’il existe une grande différence entre les deux. Les 30 premiers appelés auront droit à un contrat garanti, c’est à dire qu’ils passeront à minima deux ans en NBA. Pour les autres, sélectionnés entre la 31e et la 60e place, c’est un contrat non-garanti qui les attend. Cela veut dire que l’équipe qui choisit un jeune possède les droits d’engagement de ce dernier en NBA, mais peut aussi choisir de ne pas lui offrir une place dans l’effectif.
TT : Et si je suis donc choisi au début du second tour, je suis clairement le dindon de la farce, le bouquet mystère ?
SD : Clairement, ouais. Ceci dit, une équipe qui choisit au second tour est tout à fait libre de choisir d’offrir un contrat garanti au jeune en question. C’est une affaire de confiance en l’avenir, en ce que le jeune peut donner en se développant, je dirais.
TT : Pour les joueurs, on a compris. Maintenant, les équipes. Comment peut-on déterminer qui tire en premier, en deuxième, en dernier..? Ça doit faire des jaloux non ?
SD : La distribution des quatorze premiers choix se fait à la loterie, entre les quatorze équipes qui ne jouent pas les Playoffs. Les probabilités sont influencées par le classement des équipes à la fin de la saison régulière. Plus une équipe est mauvaise, plus elle a de chance de drafter haut. Cette année, les trois pires bilans de NBA avaient chacun 14% de chance d’obtenir le first pick et 52% de chance d’acquérir un choix du top 4.
Plus le bilan est bon et plus ces probabilités décroissent. Cependant, avec un gros coup de chance, une équipe qui est loin du pire classement peut aussi avoir ce first pick tant espéré et choisir le meilleur jeune de la cuvée ! Cette année, le premier choix revient aux Mavericks !
TT : Mais du coup, on vient de consulter l’ordre de sélection cette année et on ne comprend pas. Pourquoi les Nets choisissent 5 fois au premier tour alors que d’autres franchises n’ont qu’un choix unique ? C’est de la triche !
SD : Il faut voir le choix de Draft comme une sorte de monnaie d’échange. Durant les périodes de transfert, la totalité des équipes NBA n’hésitent pas à joindre des picks de Draft des années à venir dans les échanges de joueurs. Pour ajouter de la valeur au transfert, notamment quand ces choix sont des choix au premier tour. Cela peut donner ce genre de situation particulière, quand des équipes décident de cumuler des picks pour s’assurer d’avoir de bons jeunes dans le futur.
Particularité de la NBA, les équipes peuvent s’échanger les choix durant la soirée de la Draft, ce qui rend l’événement ultra-intense !
TT : Attendez, ça pue là non ?
SD : Oui, je crois que j’ai envoyé un courant d’air un peu trop audacieux, l’assise est subitement chaude. Dites, j’ai un droit de regard sur ce qui sera publié ?
TT : Vous avez bouffé une poubelle ?
SD : Si vous parlez de Kyle Kuzma en Playoffs cette saison, alors non.
TT : Désolé, c’est insoutenable. Dernière question avant de finir aux urgences, comment les franchises NBA décident qui elles vont choisir ?
SD : Chaque franchise dispose d’une cellule de recrutement, avec des spécialistes nommés “scouts” dans le jargon. Ils n’ont pas foutu le feu au bus avec Gérard Jugnot, mais ils ont le goût de l’aventure. Ces observateurs sillonnent le monde toute la saison pour voir de leurs yeux les prospects, et prendre des notes qui seront cruciales quand la direction sportive de la franchise discutera de son choix final.
En plus de toutes ces informations, les franchises doivent sélectionner selon plusieurs critères qui leurs sont propres : qui est le meilleur joueur encore disponible, quels sont les besoins de l’équipe en termes de profil… Autant d’indices qui peuvent permettre aux fans aguerris d’essayer de dresser un ordre avant la soirée, mais le charme de la Draft, ce sont les surprises qu’elle réserve. À ce soir, du coup !
TT : Merci, Sébastiano, et à très vite. Avec un caleçon neuf, car celui-ci est probablement troué.
SD : Tout le plaisir est pour moi !