Interview – Ajay Mitchell (Thunder) : “Notre équipe, c’est un groupe de potes”
Le 18 juil. 2025 à 11:43 par Nicolas Vrignaud

Une petite interview estivale avec un champion NBA, c’est bien le genre de truc qui régale. Ajay Mitchell, membre du Thunder et deuxième belge champion dans l’histoire de la ligue, nous a accordé un peu de son temps pour évoquer sa saison, le collectif d’OKC… et bien sûr la Belgique. Enjoy !
Ajay Mitchell nous a très gentiment accordé un peu de son temps ce jeudi 17 juillet, en direct de Las Vegas où il dispute la Summer League avec le Thunder d’Oklahoma City. À 23 ans, le Belge d’Ans sort d’un premier exercice magique avec OKC, puisqu’il a été sacré champion NBA en juin, tout en ayant proposé une saison rookie prometteuse mais malheureusement plombée par une blessure de janvier à avril.
TrashTalk : Question à la fois courte et compliquée, mais… ça fait quoi d’être champion NBA dès ta première saison ?
Ajay Mitchell : C’est un peu un truc de fou. Avant d’être drafté, si l’on m’avait dit que ça se passerait comme ça, je n’y aurais pas cru. C’était un moment incroyable. Pour moi c’est un rêve de gosse. Y arriver dès la première année, ça me donne encore plus de motivation, t’as envie d’y retourner !
TrashTalk : Et tu l’as fait avec un groupe sensationnel, du début jusqu’à la fin de la saison. Comment tu as vécu le fait d’évoluer aux côtés d’un gars MVP de saison régulière et des Finales NBA (Shai Gilgeous-Alexander), de stars montantes comme par exemple Jalen Williams et Chet Holmgren ?
Ajay Mitchell : Voir leur attitude face au travail, leur comportement au quotidien… ce sont des exemples qu’il faut suivre pour arriver à leur niveau. Pour moi, côtoyer ce type de joueurs dès ma première année a été incroyable, ça m’a vraiment aidé.
TrashTalk : Justement, tu as connu une première année assez particulière, avec un départ prometteur puis une blessure qui t’as privé 3 mois des terrains (entre janvier et avril). Comment tu as vécu cette période ?
AM : C’était un peu compliqué, au début. Quand j’ai appris qu’il y en avait pour au moins trois mois, c’est sûr que c’était dur. J’étais dans une bonne dynamique, toute l’équipe avançait bien. Mais avec le recul, je pense que ça m’a vraiment aidé. C’est assez étrange, mais ça m’a vraiment aidé à apprendre sur moi-même. Apprendre comment gérer une blessure, car c’était mon premier gros pépin. Ça m’a permis de travailler sur beaucoup de chose loin du terrain, travailler sur mon corps, mon QI basket en regardant beaucoup de vidéo avec plusieurs coachs, plusieurs joueurs. Ça a été compliqué, mais c’est une expérience importante pour moi.
TrashTalk : Puisque tu parles des coachs, comment s’est passée ton intégration dans le groupe par le staff, notamment Mark Daigneault ?
AM : Ça s’est très bien passé. Depuis le premier jour, la confiance qu’il a manifesté envers moi… juste m’avoir donné l’opportunité de jouer, évidemment j’ai dû aller la chercher, mais je pense qu’avoir un coach qui est capable de faire confiance à un rookie a été très important, et pour moi ça n’a été que du bonus de pouvoir apprendre d’un groupe, d’un coach parmi les meilleurs en NBA.
TrashTalk : Tu as évoqué la notion de groupe. On te l’avoue, on s’est bien marré à vous regarder notamment durant les interview d’après-match, à tous faire la fête. Tu nous confirmes que le collectif vit bien ? Vous vous voyez un peu en dehors du basket ?
AM : Tout le monde est si proche, dans cette équipe… Ça me rappelle beaucoup l’université, même les équipes jeunes. C’est un groupe de potes, en fait. On est des potes qui ont la chance d’être dans la même équipe NBA. Ça nous a aidé durant toute l’année. Quand on est sur le terrain, on veut le meilleur pour chacun. Et même en dehors, la saison est tellement longue… on a pas envie d’être ensemble H24, mais dès qu’une opportunité se présente de faire quelque chose, tout le monde est partant.
TT : Tu as aussi joué avec Luguentz Dort et Ousmane Dieng cette année. Est-ce qu’il y a eu une sorte de connexion francophone entre vous ?
AM : Bien sûr. Dès le premier jour. Pouvoir parler français en arrivant dans une équipe NBA, ça m’a beaucoup aidé. Ous’ et Lu’ sont vraiment des chouettes gars, ils m’ont accueilli de la meilleure des manières.
TT : Et quand les Playoffs sont arrivés, ce groupe de potes s’est dit qu’il fallait step up ?
AM : Pendant toute la saison, on s’est préparé pour les Playoffs. Chaque match, c’est l’opportunité de devenir meilleur. Quand les Playoffs sont arrivés, rien que le fait de pouvoir compter sur notre public, ça nous a boosté de fou. Et puis, simplement compter sur nous-mêmes. Chaque série, on devait être au-dessus et le prouver.
TT : En parlant des fans, on a vraiment senti, même depuis nos écrans, une atmosphère spéciale dans la salle du Thunder. Peut-être plus que d’autres enceintes, moins bruyantes. Comment on vit un match où on se sent poussé à fond ?
AM : On les a vraiment vu comme un sixième homme. Je me rappelle du premier match des Playoffs, je rentre vers la fin… le coach nous explique un système, on a rien entendu ! Chaque match de Playoffs, j’ai eu l’impression que c’était plus bruyant que la fois d’avant.
TT : Vous leur avez bien rendu, avec un titre NBA, le premier de l’histoire de la franchise. Tu as bien vécu la parade, on imagine ?
AM : C’était génial de pouvoir partager ce moment avec eux. On avait pour consigne de rester dans le bus, mais on ne voulait pas, on voulait aller les voir, être proche d’eux. C’était un rêve, vraiment.
TT : Et pour parler de l’avenir, maintenant… On voit ce que tu fais en Summer League, et franchement tu n’as pas grand chose à faire ici. Tu as signé un contrat garanti au début de l’été, c’est quoi la suite pour toi, les prochains objectifs ?
AM : Devenir encore meilleur. Avoir une saison complète, ce sera aussi important. Ce sera ma deuxième saison, je dois continuer d’apprendre, grandir en tant que joueur. Je veux tout faire pour aider cette équipe à gagner !
Ajay Mitchell vs Orlando Magic Highlights
27 PTS
7 REB
4 ASTS
9-13 FGM
2 STL
1 BLK
Top of the “too good for Summer League” list. pic.twitter.com/KdQUpKAGRm
— 𝐙 🏆 (@homahoops) July 16, 2025
TT : Pour finir, petit détour par la Belgique, ton pays. Il y a un EuroBasket en fin d’été, la sélection nationale y participe. Toumani Camara et toi (les deux joueurs NBA belges) n’êtes pas présents dans la pré-sélection dévoilée cette semaine. Est-ce définitif te concernant ?
AM : Effectivement, on a encore quelques discussions à avoir, et on prendra une décision ensuite. Pour l’instant, il n’y a rien de fait.
TT : Mais au-delà de cette compétition en particulier, représenter la Belgique à l’international est un souhait, on imagine ?
AM : Depuis petit, j’ai voulu jouer pour la Belgique et représenter mon pays. C’est là où j’ai grandi. C’est sûr que pour moi, c’est quelque chose que je veux faire dans ma carrière. Il faut choisir le bon moment, mais ça me tient vraiment à coeur.
TT : Dernière question, la spéciale pour les joueurs belges. Toumani y a eu droit aussi l’an passé, alors on veut te tester : les frites, c’est meilleur aux US ou en Belgique ?
AM : En Belgique, c’est même pas une question ! Je me réjouis de rentrer et de pouvoir en manger d’ailleurs…
C’est déja fini… mais c’était cool. Encore merci à Ajay Mitchell pour sa disponibilité, et à (très) bientôt pour un autre format similaire !