En galère en attaque, Cooper Flagg ne s’inquiète pas
Le 03 nov. 2025 à 17:59 par Hisham Grégoire

Mauvaise adresse, grosses responsabilités, et ombre d’un certain Luka Doncic au-dessus de sa tête : le début de carrière de Cooper Flagg n’a rien d’un long fleuve tranquille. Mais dans la difficulté, le rookie des Mavericks montre déjà la tête froide et les épaules solides d’un futur grand.
Il y a des baptêmes du feu plus doux que d’autres.
Cooper Flagg, premier choix de la Draft 2025, est arrivé à Dallas avec le sourire d’un gosse et la pression d’un vétéran All-Star. Une franchise orpheline de Luka Doncic, des fans qui veulent retrouver le sourire, et un gamin de 18 ans qu’on balance directement dans la fosse avec le rôle de playmaker offensif.
L’ancien Blue Devil, poste 3-4 naturel, a notamment été utilisé au poste de meneur de jeu par Jason Kidd (coach) pour pallier l’absence de son véritable meneur/scoreur : Kyrie Irving, toujours en rééducation (rupture d’un ligament croisé). Résultat : des briques, des pertes de balle, des visages crispés, et une fanbase qui découvre qu’un rookie même surhumain à Duke, ne devient pas un franchise player du jour au lendemain.
« Plusieurs facteurs expliquent sa titularisation au poste de meneur de jeu. Le premier est notre santé… (blessures). Le second, c’est d’apprendre à bien gérer le ballon et de pouvoir supporter la pression en avril (Playoffs), quand on joue pour quelque chose de plus important. » – Jason Kidd sur Cooper Flagg
Depuis le début de saison, les chiffres piquent un peu.
Autour des 14 points de moyenne, une adresse qui ferait pâlir un maçon de chantier (37% dont 29% à 3-points), et un tir extérieur qui semble avoir oublié le mode “profondeur NBA”. Déjà en Summer League, le ton était donné : 15/42 au tir, 3/14 à 3-points, et cette sensation que le gamin essayait un peu trop de prouver qu’il méritait la hype.
Mais ça, c’est la logique du rookie capable – théoriquement – de tout faire : scorer, créer, défendre, sourire à la caméra, et sauver la franchise avant Noël. Dallas voulait du Luka 2.0, Flagg apprend qu’on ne remplace pas une étoile en deux semaines.
Being 18 in the NBA is hard, look at the start for all of these future All-NBA players compared to Cooper Flagg. pic.twitter.com/3plkljHK7L
— Nick Angstadt (@NickVanExit) November 3, 2025
Et c’est bien là que le bât blesse. On lui a filé un rôle de meneur-créateur à 18 ans, dans une équipe qui cherche encore son identité après le séisme du trade Luka Doncic – Anthony Davis. Mais le problème, c’est qu’on ne parle pas d’une équipe qui joue la loterie. Dallas veut gagner, et maintenant. Imaginez le truc : un ailier de 2m06 censé organiser le jeu, apprendre les systèmes, gérer le tempo et scorer en même temps. Jason Kidd a visiblement décidé de lui offrir une école de la vie en accéléré. Pas simple, mais formateur : Flagg galère, oui, mais il apprend à lire le jeu, à encaisser les défenses, à respirer sous pression. Et ça, c’est le genre de galère qui forge des carrières longues.
Évidemment, les comparaisons avec Luka n’aident pas. Pendant que le Slovène cartonne à Los Angeles (165 points marqués en quatre matchs, dont un 29 points, 11 rebonds, 10 passes et 3 interceptions face à Miami cette nuit), Flagg enchaîne les soirées frustrantes sous les néons texans. Le parallèle est cruel : d’un côté, le joueur qui dominait déjà la planète à 20 ans ; de l’autre, le rookie qu’on juge après huit matchs comme si c’était sa cinquième saison. C’est oublier que Flagg a encore les clefs du lycée dans la poche et qu’il découvre la vie sans campus, sans zone, sans filet.
Cooper Flagg on those concerned about his play through 6 games:
“It’s a tough league. It’s a transition. I haven’t made a lot of shots or been as efficient I would’ve wanted to, but I’m gonna keep trusting the work. It’s nothing I think they should be worried about. I’m not… pic.twitter.com/aMQicbYt5t
— Mike Curtis (@MikeACurtis2) November 2, 2025
Mais malgré les briques, les claps ironiques et les threads Twitter qui s’affolent, le gamin garde la tête froide. Pas d’interview en mode panique, pas de tirade façon “je dois mieux faire”. Juste du taf, du taf, et encore du taf. Défensivement, il est déjà bon. Mentalement, il ne bouge pas. Et surtout, le staff croit en lui. Dallas sait qu’il y a de la marge, que le tir viendra, et que ce genre de passage à vide est la norme pour les rookies qui apprennent à marcher sur la Lune sans combinaison.
« C’est une ligue difficile. C’est une transition (entre la NCAA et la NBA). Évidemment, je n’ai pas rentré beaucoup de tirs ni été aussi efficace que je l’aurais souhaité, mais je vais continuer à faire confiance au travail. Je ne m’inquiète de rien. Il faut que je reste agressif et que je fasse confiance au travail. Je pense que ça ira. » – Cooper Flagg
En résumé : Cooper Flagg shoote comme s’il avait troqué la balle contre un parpaing, mais il a le talent et le tempérament pour transformer la frustration en décollage. Les Mavericks ont misé sur le bon cheval, il a juste besoin d’un peu de rodage avant de galoper.
Sources : NBA.com, Dallas Hoops Journal, Sports Illustrated, Mavs Moneyball, Mike Curtis II (X).
