Interview – Bob McKillop, coach universitaire de Stephen Curry : « Davidson, c’est Kaamelott, il est le Roi Arthur »

Le 03 nov. 2025 à 17:29 par Robin Wolff

Bob McKillop et Stephen Curry 24 juillet 2025
Source image : YouTube

Bob McKillop est une légende vivante en Caroline du Nord. Il a été coach de l’université de Davidson entre 1989 et 2002 et a eu la chance d’entraîner Stephen Curry. Pour TrashTalk, il est revenu sur leurs trois ans de collaborations et sur la fierté qu’il ressent à l’égard de son ancien protégé !

L’impact de Stephen Curry sur l’université de Davidson

TrashTalk : Ma première question est assez simple, quel genre de personne était Stephen Curry sur le campus lorsqu’il était à Davidson ? Avait-il un comportement de « star du campus » ou pas du tout ?

Bob McKillop : Tu n’aurais jamais deviné qu’il était une star, car il ne se comportait pas du tout comme tel. Il était aussi aimable, attentionné et digne de confiance que l’on puisse l’imaginer. Tu aurais voulu que ta fille l’épouse. Tu aurais voulu que ton fils soit son meilleur ami. Tu aurais voulu qu’il fasse ton éloge funèbre. Il avait cette capacité à se faire aimer. Et il était un leader très, très fort dès son plus jeune âge. Mais son leadership ne passait pas par les mots. Il montrait l’exemple, avec son sourire, sa gentillesse. Il était extraordinaire de ce point de vue-là.

Y avait-il déjà quelque chose d’un peu « fou » autour de lui ? Une euphorie collective ?

Non, ce n’était pas une star ou une icône au début de son passage à Davidson. Il avait l’air très normal. Sa taille était moyenne. Il ne volait pas dans les airs pour dunker. Peu de gens le connaissaient, il n’était pas sur les radars nationaux, même pas sur les radars régionaux. Il n’y avait pas de « Hé, Steph Curry arrive en ville, allons le voir jouer. » Mais il n’a pas fallu longtemps pour qu’il marque de son empreinte la Ligue et pose les premières pierres de ce qui allait devenir une carrière dingue. Il a commencé par une performance exceptionnelle, suivie d’autres toutes aussi impressionnantes. Mais ce n’était pas encore Broadway, les grandes scènes. Pour moi, en tant que New-Yorkais, c’était plus le Sullivan Street Theater, une scène off-Broadway : petites foules, peu d’attention médiatique. Une star locale, mais rien de plus.

Vous dites que que vous auriez  voulu que votre fils soit son meilleur ami, votre fille son épouse… Avait-il un grand groupe d’amis à Davidson ? Était-il populaire auprès des filles ? Aviez-vous des retours sur sa vie sur le campus ?

Absolument. Il était comme le joueur de flûte de Hamelin. Il ne se contentait pas de se lier d’amitié avec les basketteurs. Il attirait tous les étudiants du campus. Et pas que les étudiants : les professeurs, les entraîneurs, l’administration, le personnel d’entretien, les gens de la cafétéria… tout le monde l’adorait grâce à sa gentillesse et à ce sourire toujours présent qui illuminait son visage.

Si je ne me trompe pas, il étudiait un Bachelor of Arts axé sur la sociologie. Est-ce que ça se voyait ? Parlait-il beaucoup d’art ou de sociologie ?

Il ne m’a jamais dit « J’ai entendu ça en cours aujourd’hui. » Peut-être qu’il en parlait à ses camarades, mais pas à moi. Ce que je sais, c’est qu’il était travailleur, concentré sur l’excellence. Et il a obtenu un GPA de 3,2 (sur 4,0 ndlr) pendant ses trois années à Davidson — juste en dessous de la moyenne A− — ce qui est très respectable.

Vous avez connu une version « pure » de Stephen Curry, avant que les médias ne s’en emparent. Y a-t-il un malentendu sur lui dans la façon dont ils le décrivent aujourd’hui, un trait de personnalité méconnu ?

Je ne pense pas qu’il y ait de malentendu, mais il faut comprendre ceci : Stephen Curry ne se glorifiait pas lui-même. Il ne faisait pas la promotion de son talent ou de sa renommée. Il était incroyablement confiant, mais tout aussi humble. Il s’intégrait très bien. Et je pense que cela s’est poursuivi avec les Warriors. Oui, c’est la star, mais il n’a jamais cherché à se mettre seul en avant. Il a amené tout le monde avec lui au sommet. Il partage toujours la lumière avec ses coéquipiers.

Son humilité n’est pas questionnée, mais ces derniers temps, il se distingue aussi par une forme « d’insolence », dans le bon sens du terme avec ses célébrations comme le « night-night ».

Oui, il est joueur, espiègle. Il aime plaisanter, s’amuser. Il déborde de joie. Et je pense que c’est peut-être le mot qui le décrit le mieux : joyeux. Le « night night » n’était pas pour rabaisser l’équipe adverse, mais pour partager un moment avec ses fans et ses coéquipiers.

En tant que Français, ça fait encore mal.

Je comprends (rires).

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Avez vous souvenir d’une anecdote drôle, d’une bêtise, même légère, d’adolescent ?

Non, il n’a jamais eu de souci ici. Sa plus grosse bêtise a été de quitter Davidson après trois ans pour la NBA, au lieu de finir sa quatrième année (rires). Ce fut un moment très difficile pour lui, il a beaucoup réfléchi. Mais il avait promis à tout le monde qu’il reviendrait pour obtenir son diplôme, et il l’a fait en 2022. Très peu de gens tiennent ce genre de promesse. Stephen Curry les tient toujours.

Et cette Draft, l’avez-vous préparé ensemble, connaissez-vous le processus qui l’a mené jusqu’aux Warriors ?

Steph (Curry) a eu la chance de grandir dans un foyer avec Dell et Sonia, ses parents, qui connaissaient très bien le monde de la NBA. On a fait beaucoup de recherches, on pensait qu’il serait choisi entre la 7e et la 14e place. On pensait qu’il irait aux Knicks (8e choix), mais les Warriors l’ont pris en 7e. Ce qui est fou, c’est que trois meneurs ont été choisis avant lui : Ricky Rubio, Johnny Flynn, et un troisième dont je me souviens plus. Mais aucun n’a eu sa carrière. Les Timberwolves en ont pris deux avant lui !

Quelle a été votre réaction à ces choix des Wolves ?

En tant que New-Yorkais, j’étais content, car ça laissait Steph dispo pour les Knicks. Le Madison Square Garden était déjà conquis. C’était le moment et l’endroit parfait. Mais les Warriors l’ont pris. Mon seul souci (avec ce pick), c’était le décalage horaire de trois heures qui faisait qu’il allait être plus difficile pour sa famille et ses amis de suivre ses matchs. Plus difficile de le voir aussi, on espérait qu’il aille à New York.

Comment était-ce pour vous, en tant qu’entraîneur, de coacher Steph Curry, un joueur un peu « nouveau » à l’époque, qui tirait beaucoup de loin ?

Il a changé mon langage corporel. Je souriais, je secouais la tête, je disais « wow ». J’ai compris en 2-3 semaines que c’était un talent exceptionnel. Il était déjà très bon, mais cherchait à progresser chaque jour. Je devais le laisser jouer, il était tellement bon. Il n’avait pas besoin qu’on crée des systèmes pour lui. Il respectait toujours les règles. Une grande discipline qui lui permettait d’avoir de la liberté. C’est cette discipline qui l’a mené sur le chemin de la grandeur.

C’est drôle, car le body langage que vous décrivez ressemble beaucoup à celui de Steve Kerr. Et Chris Czerapowicz (joueur de Davidson entre 2010 et 2014) m’a dit qu’il voyait des similitudes entre le style de jeu de Davidson à l’époque et celui des Warriors.

Oui, tout à fait d’accord. Les fondamentaux, les mouvements sans ballon, les écrans – notamment ceux des guards – la défense collective… tout ça existait chez nous comme chez les Warriors. Et surtout, on avait tous les deux Steph Curry. Phil Jackson avait l’attaque en triangle et beaucoup de monde a essayé de le copier, mais il avait Jordan et Pippen. Nous, on avait Steph, c’est ce qui fait que ce système marche !

La discipline dont vous parliez est-elle sa plus grande qualité selon vous ?

Il y a aussi son humilité. Davidson, c’est un peu comme Kaaamelot. Steph est le roi Arthur, et moi, un chevalier de la Table Ronde. Il a rendu Davidson célèbre. Et malgré ça, il est toujours resté infiniment humble. Il partage toujours son succès avec ceux qui ont contribué à sa réussite. Même en France, pendant les Jeux olympiques de Paris, il a su rester humble. Dans les premiers matchs, il s’est mis au service de l’équipe. Puis, quand il a fallu briller face à la Serbie et à la France, il a répondu présent. Son humilité et sa discipline sont la base de sa force.

Vous dites qu’il a fait connaître Davidson, avez-vous une idée de l’impact économique que son passage a eu sur l’université ?

Je ne pourrais pas te donner un chiffre. Mais je peux te dire que quand tu portes un t-shirt de Davidson à l’aéroport ou dans une place publique, tout le monde dit : « Steph Curry ! » Il est reconnu partout. C’est une icône mondiale. En France aussi. J’ai voyagé à Paris, en Normandie, à Lyon, Marseille… et à chaque fois, je porte un t-shirt Davidson. Malgré ce qu’il a fait aux Bleus aux Jeux olympiques, les Français aiment toujours Steph Curry. Et franchement, combien de personnes peuvent te briser le coeur, en tant que supporter, et tu leur dis quand même « merci » après ça ?

Journaliste : “Avez-vous ramené quelques mots français de Paris ?”

Stephen Curry : “Nuit nuit”

😭😭😭😭😭

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Et c’est encore plus fou car en France, au football ou dans d’autres sports, il y a des joueurs qu’on a gardé négativement en mémoire négativement après ce genre d’événements, Marco Materazzi, Emiliano Martinez… Mais avec Stephen Curry, c’est l’inverse, il a directement été applaudi.

Oui, c’est pareil en NBA. Si tu analyses les joueurs NBA, aucun ne se fâche contre Steph Curry. C’est vrai. Ils l’aiment tous, parce qu’ils ont beaucoup de respect pour lui, mais aussi à cause de sa personnalité : sa joie, sa gentillesse, qui font partie intégrante de son état d’esprit.

Vous souvenez-vous de la première fois où vous l’avez vu jouer ?

Oui ! Je « triche » un peu, car je l’ai vu jouer au baseball quand il avait 10 ans, avec mon fils. Déjà à l’époque, il était exceptionnel. Il avait une éthique de travail et un esprit d’équipe incroyables. Mais surtout, il avait deux capacités rares dont on ne parle jamais et qui l’ont grandement aidé dans sa carrière : des muscles oculaires ultra-réactifs. Il voit vite, anticipe tout, il ne voit pas seulement où est la balle, mais là où elle va être. Et il a aussi des muscles auditifs rapides : il entend vite et reste dans le présent, il ne pense pas aux actions d’avant ou après. Dès ses deux premières semaines à Davidson, j’en avais pleinement conscience. Lors d’une réunion d’anciens élèves et de fans de l’université qui étaient inquiets car sept seniors venaient de quitter l’équipe, j’ai dit « on a un joueur qui va rester comme l’un des meilleurs joueurs de l’histoire de Davidson. » C’était en octobre 2006.

Vous connaissiez donc sa famille depuis longtemps. Quelle a été leur implication pendant sa carrière universitaire ?

Ils venaient à tous les matchs, à domicile et souvent à l’extérieur. Mais jamais Dell ni Sonia ne m’ont dit quoi faire. Ils ne sont jamais intervenus. Ce sont les parents rêvés pour un coach.

Avez-vous essayé de recruter Seth (Curry, le frère de Stephen) ensuite ?

Oh que oui, je lui ai offert une bourse. Mais je n’ai pas été assez convaincant, j’aurais dû pousser bien plus. Je voulais qu’il vienne pour lui-même, pas juste parce que Steph était là. J’ai été trop honnête et pas assez expressif sur le fait que je le voulais vraiment. J’y pense régulièrement et je le regrette encore.

Et au-delà de Seth, est-ce que Stephen Curry est devenu un argument, un atout pour recruter d’autres joueurs après son départ ? J’imagine que beaucoup de nouveaux joueurs posaient des questions à son sujet.

Oui, c’est un véritable aimant. Les gens se reconnaissent en lui, parce que Steph a une taille moyenne pour un joueur de basket. Il ne fait pas de dunks spectaculaires, il ne vole pas comme LeBron ou d’autres. Donc tout le monde se dit : « Je peux devenir le prochain Stephen Curry« . Il a l’air normal. Alors les jeunes disent : « Je vais aller à Davidson, devenir Steph Curry« . Et je leur dis « super, bonne chance ! »

Stephen Curry est de retour en tant qu’assistant GM à Davidson. Mais était-il toujours impliqué dans le programme après son départ et avant cette nouvelle ?

Ses empreintes sont partout ici. Il fait tout pour rester attaché à Davidson. Il finance 13 bourses pour des athlètes féminines. Tous les équipements Under Armour, des bonnets aux chaussettes pour les 450 athlètes du campus sont là grâce à lui. Ce poste d’assistant GM est surtout honorifique. Il n’a pas de bureau ici, mais son esprit est toujours présent.

Et du point de vue du coaching, y a-t-il des exercices, des routines qu’il faisait à l’époque et qui sont encore utilisés aujourd’hui par l’équipe ?

Oui ! On a une philosophie de l’entraînement : l’imagination est plus puissante que la connaissance. Donc on utilise toujours l’imagination. Même dans des exercices à cinq contre zéro, dans notre tête, il y a un défenseur devant nous. On imagine ses bras tendus, on ne balance pas une passe à la légère. Plus on imagine, plus notre imagination englobe le monde. Et plus on imagine, plus on s’exécute avec un esprit proche de la réalité. Puis cette réalité devient une répétition. Répétition après répétition, ça crée des habitudes. Les habitudes deviennent des instincts. Et avec l’instinct, il n’y a plus de réflexion — on agit. Danse comme si personne ne te regardait, chante comme si personne ne t’écoutait. Voilà notre manière de nous entraîner. Et Steph s’intégrait parfaitement dans cette approche, il en est rapidement devenu la preuve par l’exemple.

Avez-vous gardé un contact avec lui aujourd’hui ?

Oui. Je le vois tous les 6 à 8 semaines. Je l’ai vu à Charlotte récemment, puis à Salt Lake City. J’irai à San Francisco pendant les Playoffs (interview enregistrée en mars). Je travaille à son camp de basket en août et à son tournoi de golf en septembre. Il est très occupé, donc je le contacte rarement. Mais on reste proches.

On le surnomme le « Baby-Face Assassin », mais ces derniers temps, on le voit souvent serrer le poing, montrer un peu plus d’intensité. Quand vous étiez son coach, y avait-il des gestes, expressions du visage ou du corps qui te faisaient dire : ‘OK, là il est dans la zone’ ?

Oui, son sourire. Mais, parfois, il souriait un peu trop ! Je me souviens d’un match contre Charleston, en finale de la Conférence Southern. Si on gagnait, on allait au tournoi NCAA. Il restait sept minutes, il venait de marquer un gros tir et il était tout joyeux. J’ai dû lui crier : « Steph ! Il reste 7 minutes ! Retourne en défense ! » Ça n’arrivait pas souvent, mais il avait cette capacité à se réjouir non seulement de ses propres exploits, mais aussi de ceux de ses coéquipiers. C’était contagieux. En tant que coach, tu ne veux pas freiner ça, mais tu dois quand même lui rappeler : « retourne défendre, s’il te plaît. » Et puis parfois, il mettait des tirs insensés, des tirs que personne n’osait défendre parce qu’ils pensaient qu’il ne tenterait jamais ça. Alors je me tournais vers le banc et je disais : « ils ne savent pas que c’est Steph Curry ? » Et tout le public adorait ça, je l’ai dit un nombre incalculable de fois.

Il est encore en super forme physique, malgré un jeu physique, plein de courses et de contacts. Êtes-vous surpris ? Pensez-vous qu’il peut gagner une 5e bague avec Jimmy Butler et Draymond Green dans l’effectif ?

Au lycée et à l’université, il était frêle, très mince. J’avais peur qu’il tienne pas les 82 matchs de saison régulière et les Playoffs NBA, surtout face à des gars d’1m98, plus lourds de 10-15 kilos. Mais il a prouvé qu’il travaillait énormément son physique. En 2014-2015, lors de sa première saison MVP et du premier titre NBA, j’étais à San Francisco pour le 79e match, contre Portland. Il jouait seulement 25-27 minutes parce que l’équipe dominait tout le monde. Le match fini à 21h, je l’attendais pour dîner. Je me dis, ok, 30-45 min de médias, douche, on mange vers 22h30… mais il est arrivé deux heures plus tard ! Je lui dis : « t’étais où ? » — Il me répond : « Coach, j’étais en salle de muscu. Les Playoffs arrivent. Je dois bosser mon gainage, mon endurance. Je joue 27 minutes maintenant, mais en Playoffs ce sera 37 ou 40. » Honnêtement, combien de joueurs NBA font ça ? Très, très peu.

Donc vous croyez à cette 5e bague ?

Oui, absolument. Je pense que c’est possible.

Mais ça rejoint cette discipline dont on parlait plus tôt, et d’ailleurs avez-vous remarqué une grosse évolution entre sa première, deuxième et troisième année ? Sur quoi travaillait-il l’été ?

Deux choses me viennent immédiatement en tête. D’abord, la portée de son tir à trois points. En première année, il tirait juste derrière la ligne universitaire. Puis, à mesure qu’il gagnait en force physique et mentale, il reculait son tir. Et plus il en mettait, plus je lui donnais le feu vert pour tenter ces tirs de loin, sans aucune restriction. Deuxième chose : tout le monde parle de ses trois points, mais c’est aussi l’un des meilleurs finisseurs près du cercle. Le teardrop, il a bossé dur pour le maîtriser. À Davidson, il le réussissait à 2 mètres. Aujourd’hui en NBA, il le met depuis la ligne des lancers francs, voire la ligne à trois points comme il l’a fait au All-Star Game. Il a élargi sa palette de manière spectaculaire.

Y a t-il une anecdote de match marquante ? Quelque chose que les médias et notamment les français ne connaissent pas ?

Il y a une histoire peu racontée. En 3e année, Steph était le meilleur marqueur du pays. Une équipe adverse a voulu « entrer dans l’histoire » en le muselant. Ils ont mis en place une défense ‘triangle + deux’ : deux joueurs sur lui tout le temps, devant et derrière — comme deux tranches de pain autour d’un steak. Il n’a pas pu toucher la balle. À 16 minutes de jeu, Steph revient sur le banc pendant un temps mort et me dit : « coach, je vais rester dans le coin à mi-terrain pendant tout le match. On va jouer à 4 contre 3. » Et on menait de 28 points à la mi-temps. Il n’avait pas encore tenté un tir. Deuxième mi-temps : même défense. On gagne de 35. Il a tenté un seul tir, n’a pas marqué le moindre point, mais il s’en fichait alors que ça ruinait ses chances d’être le meilleur scoreur du pays à la fin de la saison. Ce qui comptait, c’est qu’on ait gagné. Voilà le genre de personne qu’il est.

Quel est votre meilleur souvenir avec lui ? Votre moment préféré ?

C’est comme me demander mon vin français préféré… Je peux pas en choisir un seul. Le jour où on l’a recruté, quand il nous a offert un titre de conférence, quand il nous a emmenés en Elite Eight, quand il a gagné un titre NBA, quand il est devenu MVP, quand il a obtenu son diplôme, quand il s’est marié, quand il est devenu père… Chaque étape est un souvenir cher à mon cœur.


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