Sifflé à Indiana pour son retour en ville, Myles Turner (Bucks) n’a pas caché sa peine
Le 04 nov. 2025 à 09:55 par Hisham Grégoire

Dix ans de loyauté, une finale NBA, et une sortie par la porte la plus douloureuse possible. De retour à Indianapolis avec le maillot des Milwaukee Bucks, Myles Turner n’a pas mâché ses mots : entre déception, sentiment d’abandon et revanche sportive, l’ancien pivot des Indiana Pacers a transformé sa première visite en règlement de comptes feutré.
L’histoire avait tout du feel-good movie. Un enfant de la maison, dix saisons de loyauté, des années à tenir la défense à bout de bras, et une franchise revenue jusqu’en Finales NBA. Mais ce lundi soir, quand le speaker a prononcé “Myles Turner” avant l’entre-deux, la Gainbridge Fieldhouse a choisi la rancune. Huées massives, tribunes en ébullition, et un joueur qui garde la tête haute. La poignée de main avec Tyrese Haliburton ? Froide. L’hommage vidéo ? À peine un sourire, juste un petit geste de la main avant un clin d’œil ironique. Le message est passé : Turner a tourné la page, mais la salle ne veut pas le laisser faire.
Sur le parquet, l’intérieur des Bucks a fait ce qu’il sait faire : défendre fort, poser des écrans solides, bloquer quatre tirs en première mi-temps. Moins à l’aise offensivement (9 points, 7 rebonds), mais indispensable dans la peinture face à Siakam et Jackson. En face, Giannis Antetokounmpo s’est chargé du scénario final : 33 points, 13 rebonds et un fadeaway au buzzer pour donner la victoire 117-115 à Milwaukee. Un coup de poignard pour les fans des Pacers, déjà remontés contre leur ancien héros.
Mais c’est après le match que tout a explosé. Turner, d’ordinaire mesuré, a laissé parler les émotions :
« C’était décourageant… Vous donnez 10 ans de votre vie, vous acceptez des réductions de salaire, vous survivez aux rumeurs de transfert, vous essayez de tout faire correctement… »
– Myles Turner sur les sifflets du public d’Indiana 💔pic.twitter.com/7krmhmPeqk
— TrashTalk (@TrashTalk_fr) November 4, 2025
Un message simple : il ne s’attendait pas à ça. Lui qui avait enduré les saisons galères, accepté les réductions salariales et les rumeurs de trade à répétition, pensait mériter un minimum de respect. Sur X, il a continué, plus personnel encore :
“Dix ans de sang, de sueur, de sacrifices, et toujours à encaisser le mépris sans broncher. J’imagine que la progression n’est pas toujours applaudie — parfois, elle est huée. Mais je reste reconnaissant. Je continue d’avancer. #FearTheDeer”
Des mots forts, teintés de tristesse mais sans rancune. Et c’est Giannis Antetokounmpo, Franchise Player des Bucks, encore lui, qui a pris la défense de son coéquipier :
“Ca dépasse les frontières du sport. Il va rentrer chez lui et se dire : « Ok, dix ans viennent de partir en fumée. » Et ce n’est pas juste pour quelqu’un qui a donné dix ans à ce sport et dix ans aux Pacers.”
Classe. Parce que Giannis a compris avant tout le monde que ce retour n’était pas une simple visite. Turner n’est pas parti sur un coup de tête : il voulait rester. Les négos avec les Pacers ont capoté. Trois ans et 66 millions proposés, trop peu face aux 107 millions sur quatre ans offerts par Milwaukee. Résultat, un départ vers le rival historique, et une fracture émotionnelle qui se ressent encore.
Au final, le score importe presque moins que l’atmosphère. Le pivot a quitté le parquet sans un mot pour les tribunes, juste un regard vers le logo des Pacers avant de disparaître dans le tunnel. Pas de vengeance, pas de célébration : juste un constat amer. Le public a hué, mais lui a grandi.
Et si hier soir, la salle a choisi la rancune, Myles Turner, lui, a choisi de monter d’un cran. Toujours debout, toujours reconnaissant, mais désormais sous un autre maillot.
Sources : ESPN (Jamal Collier), X (@Original_Turner, @RomeovilleKid, @NBA_NewYork), BrewHoop, Sportsnet.
