Philadelphia 76ers

Le Shop des Philadelphia Sixers
Les Philadelphia 76ers (Sixers) selon TrashTalk
À Philadelphie, on ne plaisante pas avec le sport. Entre les statues de Rocky, les sandwichs au cheesesteak et un public capable de huer le Père Noël, la ville respire la passion… et l’exigence. La franchise NBA (National Basketball Association) locale, les Philadelphia 76ers – ou Sixers pour les intimes – en sait quelque chose. Avec une histoire qui traverse les époques, des légendes par paquets et un palmarès qui brille par moments autant qu’il s’assombrit à d’autres, les Sixers incarnent à merveille l’âme de la “Cité de l’Amour Fraternel” : généreuse, intense, mais qui ne pardonne pas l’échec.
Des Syracuse Nationals aux Philadelphia 76ers
Avant de s’installer dans la ville de l’Indépendance et de Rocky Balboa, l’une des plus anciennes franchises encore en activité en NBA voyait le jour en 1939… à Syracuse, sous le nom des Nationals. Pas encore de NBA à l’époque, juste des ligues concurrentes qui se tiraient la bourre. Les Nats intègrent la National Basketball League (NBL) en 1946, puis basculent dans la NBA en 1949 lors de la fusion avec la BAA (Basketball Association of America). Leur impact est immédiat : une Finale NBA dès la première saison (perdue face aux Lakers), et un titre en 1955 mené par la légende Dolph Schayes.
Pendant quatorze ans, Syracuse ne loupe jamais les Playoffs. Mais sportivement stable ne rime pas toujours avec financièrement rentable. En 1963, l’équipe déménage à Philadelphie – ville fraîchement orpheline de ses Warriors, partis à San Francisco – et adopte un nouveau nom : les 76ers, clin d’œil à l’année 1776 et à la signature de la Déclaration d’Indépendance, à Philadelphie justement.
Wilt Chamberlain mène les Philadelphia 76ers au titre
En 1965, Philadelphie frappe un grand coup en rapatriant l’enfant du pays : Wilt Chamberlain. Déjà machine statistique, le pivot va transformer la franchise… et ses ambitions. Après un premier passage de Dolph Schayes sur le banc, c’est l’arrivée d’Alex Hannum en 1966 qui fait tout basculer. Sous ses ordres, les Sixers signent une saison régulière historique à 68 victoires pour 13 défaites – un record à l’époque – et décrochent le titre NBA en 1967, le premier depuis le déménagement. Une victoire qui restera comme l’un des sommets de l’ère Chamberlain.
Mais le conte de fées tourne court : Hannum quitte le navire un an plus tard, Wilt se lasse et demande son transfert. Sans leur colosse, les Sixers restent solides grâce à Hal Greer, mais la machine s’enraye. Entre 1972 et 1975, ils ratent même quatre fois de suite les Playoffs, et 1973 restera gravée comme l’année de la honte : 9 victoires pour 73 défaites, le pire bilan de leur histoire.
Moses Malone et Julius Erving, duo choc des 76ers
Pour retrouver le devant de la scène, les Philadelphia 76ers sortent le chéquier. Lors de la fusion ABA-NBA en 1976, les Sixers profitent des difficultés financières des Nets pour récupérer Julius Erving. Un tournant. Durant les saisons où Dr. J. porte le jersey des Sixers, les Philadelphia 76ers remportent un titre en 1983, vont trois autres fois en Finales NBA, et trois fois supplémentaires en finale de Conférence Est. Ouais, pas trop mal comme bilan, même si Julius Erving n’est pas le seul artisan de ces belles saisons. L’équipe dispose aussi de joueurs du calibre de George McGinnis, Darryl Dawkins, Doug Collins, Bobby Jones ou Lionel Hollins, le tout coaché par l’ancienne légende de la franchise Billy Cunningham.
Mais c’est surtout l’ajout de Moses Malone, arrivé aux Sixers en 1982, change la donne. Tellement sûr de la force des Philadelphia 76ers, il annonce avant les Playoffs de 1983 “Fo’Fo’Fo”, soit trois sweeps que les Sixers vont infliger à leurs adversaires. Il se plante un peu, les 76ers perdent une rencontre en finale de Conférence Est, ces gros nullos (au final “Fo’, fi’, fo’ : 4-0, 4-1, 4-0). Cela ne change rien à l’issue des Playoffs puisqu’ils repartent donc avec le titre NBA cette saison-là. Erving, Malone, mais aussi Bobby Jones, Maurice Cheeks ou Andrew Toney inscrivent alors leurs noms dans la légende. Ce sera malheureusement le dernier titre à ce jour pour Philadelphie.
Charles Barkley prend le relais
Malgré leur excellent niveau, les Philadelphia 76ers bénéficient d’un coup de pouce du destin. En ayant envoyé World B. Free aux San Diego Clippers en 1978, puis Joe Bryant toujours chez les Voiliers en 1979, ils récupèrent deux choix à la Draft, un pour 1984, l’autre en 1986. Le premier s’avère être le cinquième pick qu’ils transforment en Charles Barkley. “Sir Charles” s’impose vite comme un monstre au rebond malgré son gabarit atypique pour un intérieur, et devient le visage de la franchise après les départs de Moses Malone (1986) et Julius Erving (1987).
Malheureusement, Philadelphie gâche d’autres opportunités : le premier choix de la Draft 1986, hérité des Clippers, est envoyé à Cleveland contre des retours bien trop faibles, laissant filer Brad Daugherty. Résultat : malgré les exploits individuels de Barkley, l’équipe ne parvient pas à redevenir une menace sérieuse en Playoffs. En 1992, après un nouvel échec et une absence de Playoffs, Charles Barkley est transféré aux Suns, laissant les Sixers orphelins de leur superstar.
Allen Iverson, la réponse des Philadelphia 76ers
Après le départ de Barkley, les Sixers s’enfoncent dans une longue traversée du désert. Sept saisons sans Playoffs, rythmées par des leaders éphémères comme Hersey Hawkins, Clarence Weatherspoon ou Dana Barros, incapables d’incarner un vrai franchise player. En 1995, l’équipe pense que la solution peut venir de Jerry Stackhouse. Mais lui non plus ne s’impose pas vraiment comme un taulier indispensable malgré ses qualités de scoreur. Il faut dire qu’un an plus tard, en 1996, les Philadelphia 76ers viennent lui mettre dans les pattes un meneur qui aime bien croquer dans le ballon lui aussi. Avec le premier choix de la Draft NBA 1996, les Sixers sélectionnent Allen Iverson. Le meneur prend en main les rênes de l’équipe.
Sous les ordres de Larry Brown, entouré de role players besogneux plutôt que de stars, “The Answer” mène les Sixers jusqu’aux Finales NBA 2001 après une saison régulière où il est élu MVP. Cette campagne restera célèbre pour le Game 1 remporté à Los Angeles, marqué par son shoot décisif et son step-over mythique sur Tyronn Lue. Mais face au duo Shaq–Kobe, l’exploit ne pouvait aller plus loin. Les années suivantes confirment que cette épopée était un one shot : malgré les coups d’éclat d’A.I., Philadelphie ne dépasse plus le deuxième tour des Playoffs. En 2006, Iverson est transféré à Denver, refermant un chapitre aussi spectaculaire que frustrant de l’histoire des Sixers.
Le tanking bien sale des Philadelphia 76ers
Après l’ère Iverson, les Sixers bricolent une équipe correcte autour d’Andre Iguodala, Elton Brand, Thaddeus Young, Lou Williams ou encore Jrue Holiday. Le sommet de cette période ? L’upset contre les Bulls, premiers de la Ligue, au premier tour des Playoffs 2012. Mais cette équipe plafonne clairement et ne présente aucun espoir de titre. En 2013, le front office décide donc de tout raser et de miser sur un projet radical : perdre volontairement pour accumuler les choix de Draft. C’est le début du “Process”, orchestré par Sam Hinkie.
La stratégie est simple : échanger tous les vétérans utiles, encaisser les défaites et viser le jackpot à la loterie. Résultat : 19 victoires en 2014, 18 en 2015 et… 10 en 2016, soit moins de 16 succès en moyenne sur trois ans. Pendant ce temps, Philadelphie empile les jeunes prospects : Michael Carter-Williams (n°11 en 2013), Nerlens Noel (n°6 en 2013, drafté par New Orleans puis échangé le soir de la Draft), Joel Embiid (n°3 en 2014), Jahlil Okafor (n°3 en 2015), Ben Simmons (n°1 en 2016) ou encore Markelle Fultz (n°1 en 2017). Entre blessures, profils redondants et paris ratés, l’accumulation manque parfois de logique — trois pivots de suite, sérieusement ? — mais le mantra reste le même : “Trust the Process”. En attendant, le coach Brett Brown gère la colonie de vacances.
Joel Embiid peut-il mener les Philadelphia 76ers au titre ?
Peu à peu, le Process prend forme autour d’un duo prometteur : Joel Embiid et Ben Simmons. En 2018, les Sixers terminent avec 52 victoires et s’installent sur le podium de l’Est. L’année suivante, pour franchir un cap, Jimmy Butler est recruté. Avec Embiid, Simmons, Butler et Tobias Harris, Philadelphie dispose d’un cinq majeur solide, mais pas encore assez pour viser le titre. Le run 2019 s’achève dans un Game 7 resté mythique, sur le tir au buzzer de Kawhi Leonard. L’été suivant, la franchise choisit de ne pas prolonger Butler — une décision qui fera grincer des dents quand on verra la suite de sa carrière à Miami.
Sans Jimmy Butler, Ben Simmons peine à assumer le rôle attendu, au point de craquer mentalement en Playoffs, refusant même de tirer en fin de match. Une crise de confiance dont il n’est toujours pas sorti. Doc Rivers et Joel Embiid – dans un exemple de leadership pour le moins discutable – ainsi que la franchise ne le ménagent pas publiquement, précipitant sa sortie. L’occasion tombe en février 2022 : James Harden, en rupture de stock à Brooklyn, débarque avec Paul Millsap contre Simmons, Andre Drummond, Seth Curry et deux choix de Draft. Joel Embiid signe une saison énorme (30,6 points de moyenne, meilleur scoreur de la Ligue) et les Sixers finissent 51-31, mais tombent encore au second tour. Rebelote en 2023 : Embiid, enfin élu MVP, ne peut empêcher une nouvelle élimination face à Boston, et Doc Rivers est remercié.
L’ère Nick Nurse et l’arrivée de Paul George
En juin 2023, les Sixers confient les clés du banc à Nick Nurse, champion 2019 avec Toronto, pour tenter de transformer l’éternel outsider en véritable prétendant. Mais la saison démarre avec un gros feuilleton : James Harden, pas franchement ravi de la situation, finit par être envoyé aux Clippers avec P.J. Tucker et Filip Petrušev. En échange, Philadelphie récupère Marcus Morris, Robert Covington et Nicolas Batum. Sur le parquet, tout se passe bien… jusqu’à la blessure de Joel Embiid en janvier 2024 (ménisque latéral). Sans leur MVP, les Sixers glissent de la deuxième à la huitième place à l’Est. Tyrese Maxey, All-Star pour la première fois, tente de maintenir la flamme, mais l’équipe termine avec un bilan de 47-35. Les Philadelphia 76ers doivent passer par le Play-In (victoire contre le Miami Heat) et s’inclinent 4-2 au premier tour face aux New York Knicks.
L’été 2024 marque un nouveau tournant : Tobias Harris file à Detroit, mais le front office frappe fort en signant Paul George pour quatre ans au max. Kyle Lowry est prolongé et Eric Gordon débarque pour renforcer le banc. Sur le papier, Embiid, Maxey et George forment un trio capable de viser haut… sauf que la saison 2024-25 vire au cauchemar. Entre blessures, irrégularité et tension dans le vestiaire, le jeu des Sixers manque de cohérence. L’équipe navigue autour des 50% de victoires, termine 42-40 et échoue à se qualifier pour les Playoffs, battue dès le Play-In. Une claque pour le Process, qui se retrouve à l’été 2025 face à un dilemme : persister avec ce noyau ou envisager un nouveau virage radical.
Quel avenir pour le Process ?
Plus de dix ans après le lancement du fameux “Trust the Process”, Philadelphie continue de chercher la bonne formule pour enfin briser le plafond de verre. Joel Embiid reste l’axe central du projet, mais les années passent et la patience s’amenuise, d’autant que les blessures viennent régulièrement perturber la dynamique. Tout comme les rumeurs quant à son investissement et ses qualités de leader. Tyrese Maxey, désormais All-Star confirmé, incarne l’avenir à la mène, tandis que Paul George doit prouver qu’il peut être le lieutenant fiable dont Embiid a besoin pour aller loin, et pas seulement un animateur de podcast. Les ajouts de vétérans comme Kyle Lowry et Eric Gordon visent à encadrer le groupe, mais la saison 2024-25 a montré que le talent seul ne suffisait pas.
L’été 2025 s’annonce donc crucial : pas de gros mouvement pour l’instant, signe que la direction souhaite offrir une vraie chance à ce trio. Mais si les résultats ne suivent pas rapidement, le Process pourrait connaître un nouveau reboot. Les fans, eux, oscillent entre espoir et frustration, conscients que la fenêtre de tir d’Embiid ne restera pas ouverte éternellement. En 2025-26, le Wells Fargo Center attend enfin de vibrer au printemps… pour autre chose qu’un nouveau naufrage en Playoffs.
Dernière mise à jour le 13/08/2025